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Aude Durand (Iliad) : « l’Europe a toutes les raisons d’être optimiste sur son avenir dans l’IA »


Le 4 décembre 2025, Scaleway a parrainé une nouvelle édition de AI.pulse, l’occasion de réflexions sur l’avenir et d’annonces fracassantes. Avec Yann LeCun en guest star.

 Aude Durand, CEO d’Iliad et présidente de Scaleway, a inauguré AI.Pulse au côté de Xavier Niel. - © Républik IT / B.L.
Aude Durand, CEO d’Iliad et présidente de Scaleway, a inauguré AI.Pulse au côté de Xavier Niel. - © Républik IT / B.L.

C’est désormais une tradition annuelle : Scaleway, le cloudeur avec des ambitions d’hyperscaler filiale d’Iliad, a organisé une nouvelle édition d’AI.Pulse le 4 décembre 2025 à Station F. Xavier Niel, fondateur de Free et du groupe Iliad, a évidemment ouvert l’événement, étant chez lui à plus d’un titre : Station F fait également partie de ses actifs. L’événement est centré, comme son nom l’indique, sur l’IA, ses usages et ses évolutions. Mais il serait réducteur de limiter cet événement de portée européenne à ce seul thème. AI.Pulse a ainsi été l’occasion pour Scaleway de réaliser quelques annonces fracassantes.

AI.Pulse a occupé la grande halle de Station F à Paris. - © Républik IT / B.L.
AI.Pulse a occupé la grande halle de Station F à Paris. - © Républik IT / B.L.

Intervenant au côté de Xaviel Niel avant d’animer l’essentiel de la matinée, Aude Durand, Deputy CEO d’Iliad et présidente de Scaleway, a voulu défendre une vision optimiste de la situation : « l’Europe a toutes les raisons d’être optimiste sur son avenir dans l’IA ». Elle a, de fait, listé toutes les bonnes raisons pour l’Europe d’être un acteur majeur de cette famille technologique, de la qualité de ses formations à celle de ses infrastructures. Mais il faut passer à l’étape suivante : une IA partout, plus maline et plus rapide.

Yann LeCun, une guest star venue de Meta

Si l’IA progresse aussi vite, c’est grâce à ce choix de l’open-source

Ce n’est pas Yann LeCun, actuellement Vice-Président et Chief AI Officer de Meta mais sur le départ, qui l’a contredite. Limiter l’IA à la seule IAG textuelle est encore une attitude fréquente. Cela a toujours été faux et, désormais, c’est encore plus faux. ChatGPT et consorts ne sont pas et ne seront jamais l’alpha et l’omega de l’IA. La question est aussi de savoir si le langage est la base de l’intelligence. Pour Yann LeCun, ce n’est pas nécessairement le cas. Ainsi, un robot qui se déplace a besoin d’intelligence mais pas de langage. Pour lui, la prochaine étape après l’IAG textuelle est l’IAG vidéo. Une autre étape de l’évolution de l’IA est constituée selon lui par l’IA agentique. Celle-ci permet de passer de la data à l’action. Elle donne des capacités à interagir. Mais la maturité n’est cependant pas encore optimale. Yann LeCun estime qu’il y a de très bonnes chances que les modèles d’IA agentique progressent fortement ces prochaines années.

Yann LeCun, sur le départ de Meta, a été accueilli sur scène par Aude Durand. - © Républik IT / B.L.
Yann LeCun, sur le départ de Meta, a été accueilli sur scène par Aude Durand. - © Républik IT / B.L.

Un enjeu associé est le développement de l’IA dans des secteurs où elle est encore peu présente comme l’industrie, en particulier le pilotage de production. La vidéo sera, de ce point de vue, essentielle dans ces développements, en particulier dans les contrôles de qualité et la sécurité. Venant de Meta, qui produit des lunettes connectées, Yann LeCun rêve bien sûr de lunettes intelligentes capables d’analyser en temps réel ce qui est vu. Yann LeCun a, enfin, insisté sur le rôle essentiel de l’open-source, base de la stratégie de Meta en matière d’IA. Pour lui, « si l’IA progresse aussi vite, c’est grâce à ce choix de l’open-source ». La recherche ouverte est, selon Yann LeCun, la base du progrès : même les très grandes entreprises ont besoin des contributions tierces. Chine et Inde sont sur ce modèle d’innovation.

Aude Durand a interagi avec la dernière création d’Enchanted Tools.  - © Républik IT / B.L.
Aude Durand a interagi avec la dernière création d’Enchanted Tools. - © Républik IT / B.L.

Start-ups partenaires porteuses d’innovations et toujours plus de quantique

Comme à chaque édition d’AI.pulse, Scaleway a invité un certain nombre de start-ups à se présenter sur scène. Aude Durand a ainsi,par exemple, interagi sur scène avec le robot créé par Enchanted Tools, montrant les capacités de l’IA embarquée dans celle-ci. Ce robot parle mais est aussi capable d’exprimer des émotions, avec la gestuelle appropriée. Jérôme Monceaux, CEO d’Enchanted Tools, est un créateur de plusieurs start-ups autour des robots, notamment Alderan. « L’utilisateur est la clé : il faut concevoir la ‘danse’ de l’utilisateur avec son robot » a-t-il prescrit. Des robots plus ou moins humanoïdes peuvent ainsi être amenés à aider des enfants ou des personnes âgées. Il a insisté sur la nécessité de concevoir des robots utiles au quotidien.

Damien Lucas, CEO de Scaleway, s’est réservé les annonces produits.  - © Républik IT / B.L.
Damien Lucas, CEO de Scaleway, s’est réservé les annonces produits. - © Républik IT / B.L.

Enfin, Damien Lucas, CEO de Scaleway s’est réservé les annonces stratégiques et produits. Sans surprise, il a revendiqué pour son entreprise « la meilleure infrastructure IA d’Europe » afin de « rendre l’innovation accessible à vous ». La réalité des usages a rejoint les intentions des années passées. Mais, évidemment, pour Scaleway, ce n’est pas suffisant. Ses partenaires habituels, AMD, Fujitsu ou Ampere, lui fournissent des CPU. L’entreprise a également déjà lancé le QaaS (Quantum as a service, informatique quantique à la demande). Mais, pour Damien Lucas, si l’offre existante permettait aux entreprises et chercheurs de commencer à explorer l’informatique quantique, ce n’était pas suffisant. Il s’est opposé au « on size feats all ». Il était nécessaire de proposer différentes technologies de quantique. Avec Pasqal, IQM et Quandela, Scaleway va désormais proposer des informatiques quantiques atomique, superconducteur et photonique, toujours en QaaS. Ce QaaS est complété avec les plateformes open-source nécessaires pour l’exploiter.

CPU, QPU, GPU et bien plus (mais pas tout)

Mais on ne se refait pas. Damien Lucas ne pouvait pas quitter la scène sans parler de GPU et, à AI.pulse, d’intelligence artificielle. Scaleway va donc se doter de la dernière génération de GPU Nvidia, les B300, annoncés comme désormais disponibles chez Scaleway. Ces GPU sont associés à une série de services comme un portail d’accès à des modèles d’IA pré-entraînés réalisé avec Hugging Face, l’idée étant d’avoir un MaaS (Models as a service). Le partenariat avec Mistral.ai se poursuit également. En conférence de presse, Aude Durand a été interrogé sur la « bulle IA ». Elle n’a ni contesté ni confirmé l’existence d’une telle bulle, préférant botter en touche : « toutes les révolutions technologiques sont venues avec une bulle mais, lorsqu’elles éclatent, l’écosystème demeure et la valeur de l’IA est bien là. »

Toutes les révolutions technologiques sont venues avec une bulle !

L’ambition de Scaleway demeure d’être considérée comme l’hyperscaler européen. L’entreprise propose en effet des infrastructures cloud évoluées et innovantes avec de multiples implémentations géographiques à travers l’Europe. Les « gigafactory IA » continuent de se construire rapidement et Scaleway a déjà acquis, avec l’existant, le savoir-faire pour faire fonctionner des dizaines de milliers de GPU. Si le IaaS est la hauteur, le PaaS progresse, y compris avec les dernières annonces. Mais, en conférence de presse, même si « il ne faut jamais dire jamais », il a cependant confirmé que la stratégie de Scaleway n’irait pas au-delà : il n’est pas prévu de passer à la couche SaaS et donc de concurrencer réellement sur toutes les couches les hyperscalers comme Microsoft, Google ou Oracle. Cela restera donc le rôle d’éditeurs tiers de construire une offre sur les infrastructures proposées.