Décideurs it

Pierre Fabre prouve le respect de ses engagements RSE

Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance

Dans le cadre de sa démarche de labellisation numérique responsable, le groupe Pierre Fabre s’est appuyé sur l’expertise d’Isia. Olivier Siegler (DSI de Pierre Fabre) et Julien Rousseau (responsable RSE de Pierre Fabre) nous expliquent ici l’approche du groupe afin de garantir l’effectivité et l’efficacité des actions entreprises.

Olivier Siegler (DSI de Pierre Fabre - à gauche) et Julien Rousseau (responsable RSE - à droite) - © Pierre Fabre
Olivier Siegler (DSI de Pierre Fabre - à gauche) et Julien Rousseau (responsable RSE - à droite) - © Pierre Fabre

Pouvez-vous nous présenter le groupe Pierre Fabre ?

Julien Rousseau : Le Groupe Pierre Fabre est un laboratoire pharmaceutique et dermo-cosmétique avec un positionnement d’approche globale du soin. Le groupe est détenu à 86,5 % par une fondation reconnue d’utilité publique depuis 1999, la Fondation Pierre Fabre et à 8,6 % par les salariés, le solde étant de l’auto-contrôle. La Fondation Pierre Fabre vise à améliorer l’accès aux médicaments et aux soins de qualité dans les pays du Sud (Asie du Sud-Est et Afrique de l’Ouest surtout).

Créé en 1962, le groupe réunit aujourd’hui 9650 collaborateurs. 95 % de notre production est faite en France et 66 % de notre chiffre d’affaires est réalisé à l’export.

Pouvez-vous nous décrire les grandes lignes de votre architecture IT ?

Olivier Siegler : J’ai l’habitude de décrire notre informatique en trois couches : d’abord l’infrastructure, l’informatique transverse et la bureautique, ensuite les processus d’entreprise et les référentiels et enfin les services digitaux agiles et data driven. Pour la première, nous nous reposons sur des acteurs de premiers plan comme Atos et OVH pour notre cloud privé, le cloud Azure, Microsoft 365 pour la bureautique, etc. Concernant les processus d’entreprise et les référentiels, nous nous reposons classiquement sur des grands progiciels comme SAP (nous venons d’achever la reconstruction sous S/4 Hana), Microsoft Dynamics pour certaines filiales, Veeva (logiciel métier d’un éditeur spécialisé dans le secteur de la santé)… Enfin, pour la troisième couche, nous développons du fait-maison et nous nous appuyons sur des solutions spécialisées pour le RPA ou la data-science en R&D pharmaceutique.

Beaucoup d’entreprises affichent des démarches ou des ambitions RSE. Pourquoi avez-vous adopté, pour votre part, une démarche structurée ?

Julien Rousseau : Il n’y a pas d’engagement RSE sincère sans discours de preuve.

Il est nécessaire de faire évaluer sa politique RSE par des organismes indépendants qui décernent des labels et certifications exigeants, sans quoi le doute est permis. Cette stratégie a la vertu de mettre toutes les parties prenantes en ordre de marche et de structurer nos actions.

Par exemple, nous avons conçu la première mouture du Green Impact Index. Un outil développé en interne mais dont le pertinence et la robustesse a été cautionnée par AFNOR Certification pour permettre aux consommateurs d’être informés de manière simple et transparente sur l’impact social et environnemental des produits de soin et de santé. Cette méthode entre aujourd’hui dans une deuxième phase puisque qu’au côté de 24 autres acteurs représentant plus de 1000 entreprises, nous faisons évolué cet outil avec un processus d’intelligence collective au travers d’une AFNOR Spec pilotée par AFNOR Normalisation afin de le rendre applicable par le plus grand nombre. Les engagements de Pierre Fabre regroupés dans une politique RSE animée par la Green Mission Pierre Fabre se traduisent par des feuilles de route transverses (climat, eau, déchets, écoconception…) dans lesquelles chaque entité et chaque service à un rôle à jouer : les marques, les filiales, les Opérations, la R&D, la DRH, la DSI…Green Mission Pierre Fabre est le nom de l’engagement éco-socio responsable protéiforme de notre Groupe, et notre politique RSE est évaluée au niveau « Exemplaire » par le Label AFNOR RSE Engagé. Un gage d’anti-greenwashing comme notre structure actionnariale est un gage d’anti-socialwashing.

De son côté, notre DSI fait sa part pour réduire l’empreinte carbone de l’IT (5 à 6 % de l’empreinte carbone du Groupe). Notre feuille de route Numérique Responsable est de fait partie intégrante des engagements climat/carbone du Groupe.  

Du coup, incluez-vous des critères de green-IT dans vos appels d’offres IT ?

Olivier Siegler : Les infrastructures représentent environ 15 à 20 % de notre empreinte, les terminaux 65 % et les usages le solde. Pour nos infrastructures, nous avons choisi des partenaires qui s’engagent avec des éléments chiffrés comme Atos, OVHcloud et Microsoft.

Concernant les SaaS dont l’hébergement est porté par l’éditeur, c’est beaucoup plus difficile de les auditer. Mais notre démarche de labellisation va nous aider à structurer notre approche.

Pourquoi avez-vous eu recours au Groupe Isia pour vous accompagner dans votre démarche RSE ?

Olivier Siegler : Pierre Fabre est membre de l’Institut du Numérique Responsable.Des collaborateurs d’ISIA ont contribué dans ce cadre à la conception d’un référentiel d’éco-socio conception des services numériques qui fait aujourd’hui autorité. Dans ce cadre, notre filiale Medical Care a eu l’occasion de béta-tester leurs référentiels à l’occasion du lancement du site Dexeryl.  En choisissant le Groupe Isia comme partenaire de notre démarche de labellisation en écosocioconception des services numériques, nous avons pu avoir un cadre, savoir où aller, prioriser les actions. De plus, le groupe Isia a pu nous pré-certificier, nous donner des « résultats blancs ». Leur vision et leur expérience nous ont permis de prendre du recul.

Julien Rousseau : Le groupe Isia est la première ESN et la première entreprise à avoir été labellisée « numérique responsable ». L’écosocioconception de sites web est un bon exemple car l’impact environnemental de la visite d’un site web par un internaute est très variable selon la manière adoptée pour concevoir ce site. Au-delà de l’impact énergétique, l’écosocioconception inclut aussi une préoccupation de l’accessibilité. Tout le monde peut revendiquer une démarche RSE mais seule une démarche structurée, conforme à des référentiels reconnus tels que le GR491 ou le RGESN sont gages de fiabilité.

Au-delà de ces démarches, quelles sont vos prochaines actions ?

Olivier Siegler : Nos premières actions concerneront entre autres une optimisation approfondie des impressions et du parc d’imprimantes, la suppresion de la téléphonie fixe, le réemploi et le recyclage des terminaux utilisateurs (66 à 92 % de l’impact environnemental du numérique concerne le hardware), poursuivre l’éco-socio conception de nos sites web, la sensibilisation et la montée en compétences des collaborateurs…Côté infrastructure, nous avons récemment migré tous les serveurs chez Atos et OVH. Nous allons bientôt supprimer la téléphonie fixe.

Julien Rousseau : Il y a quatre grands segments d’actions : les équipements des utilisateurs, les infrastructures (réseau inclus), les sites web et autres services numériques et enfin les usages internes.

Une politique numérique responsable implique d’embarquer l’ensemble des parties prenantes. La formation et la sensibilisation des utilisateurs au travers de challenges RSE est clé à partir du moment où elles constituent un déclic qui donne envie aux collaborateurs de modifier leurs usages en profondeur. Autrement dit d’agir dans le cadre de leur fonction (IT, business, achats…) et de mener des actions structurantes pour un numérique plus responsable. La première phase de notre démarche de labellisation passe par une communication du top management aux collaborateurs pour engager chacun dans la démarche. Une formation plus poussée des membres de notre Comité de pilotage Numérique Responsable est prévue. Avec au programme une fresque du numérique qui intégrera nos principaux fournisseurs IT, pour nous mettre en jambe. Ce n’est pas parce que nous sommes une entreprise industrielle que cela nous dédouane d’agir. Nous devons agir et faire agir nos parties prenantes. Ma conviction, c’est qu’une entreprise du numérique qui n’a pas de politique numérique responsable n’a pour ainsi dire pas de politique RSE. Ce qui aura inéluctablement des impacts sur sa capacité à attirer et fidéliser des talents mais aussi sur sa capacité à gagner ou perdre des marchés.