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L’Etat (encore) à la rescousse du cloud souverain

Par Bertrand Lemaire | Le | Infrastructure & service

Marina Ferrari, Secrétaire d’Etat au numérique, a annoncé de nouvelles initiatives du gouvernement français en faveur d’un cloud de confiance.

Marina Ferrari est l’actuelle Secrétaire d’Etat au numérique. - © D.R.
Marina Ferrari est l’actuelle Secrétaire d’Etat au numérique. - © D.R.

Ces dernières années, le Cloud est certes devenu un élément clé des infrastructures informatiques des entreprises partout dans le monde mais l’écosystème est dominé par trois acteurs extra-européens soumis à une législation très intrusive : AWS, Microsoft et Google. La part de marché cumulée de ces trois acteurs, en France, est de l’ordre de 70 % selon les chiffres communiqués par le cabinet de Marina Ferrari, l’actuelle Secrétaire d’Etat au numérique. Même si des acteurs français comme OVH, Orange, Cloud Temple, Scaleway ou Outscale proposent des offres pertinentes et qui ont un certain succès commercial, le gouvernement s’inquiète de la situation. A l’occasion des Rencontres Numériques de Strasbourg organisées par le Cigref du 20 au 22 mars 2024, Marina Ferrari a annoncé de nouvelles initiatives pour tenter de renforcer la position des acteurs français.

La politique française en la matière repose sur trois piliers. Tout d’abord, la sécurité : il s’agit de mettre en avant la certification SecNumCloud portée par l’ANSSI qui garantit qu’un service cloud peut effectivement être qualifié « de confiance ». En deuxième lieu, la doctrine « Cloud au Centre » de l’État orchestrée par la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique) fait des administrations des clients massifs pour les acteurs européens. Enfin, pilier le plus délicat tant le souvenir de Numergy et Cloudwatt reste prégnant, une stratégie d’aide directe aux fournisseurs français est mise en œuvre par la DGE (Direction Générale des Entreprises, Ministère de l’Economie) avec un budget de l’ordre de 600 millions d’euros.

Trois annonces pour soutenir les acteurs français, petits et grands

Le 22 mars 2024, Marina Ferrari a tout d’abord annoncé 27 nouveaux lauréats bénéficiant d’une aide à la certification SecNumCloud. Se préparer à celle-ci et ensuite l’obtenir a en effet un certain coût. Cette aide est destinée à des acteurs plutôt de petites tailles qui rencontrent des difficultés pour financer leur certification. Le 21 mars, l’Union Européenne a annoncé le lancement de 19 projets d’infrastructures européens pour un budget total de 2,6 milliards d’euros dont 1,2 de soutiens publics dans le cadre du PIIEC Cloud (Projet important d’intérêt européen commun sur le Cloud). En France, Atos, Orange et Amadeus sont concernés. Les projets visés vont du cloud à l’edge.

Enfin, le gouvernement lance un appel à projets France 2030, opéré pour le compte de l’Etat par Bpifrance, visant à renforcer l’offre Cloud à l’heure de l’intelligence artificielle générative. Il s’agit de soutenir par des fonds publics la collaboration entre des acteurs français de l’IAG (par exemple Mistral.AI) et des acteurs français du Cloud (OVH, Orange, Cloud Temple, Scaleway, Outscale…). Le financement concernera d’abord la recherche et développement. Les projets retenus potentiellement intéressants pour les administrations seront systématiquement évalués dans les démonstrateurs de la DINUM. L’objectif est bien de faire des administrations des clients des offres d’IAG françaises lorsque cela est pertinent. Le montant budgété n’a pas été communiqué : les aides dépendront des projets déposés.