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Interopérabilité, socle commun : les défis de l’ouverture à la concurrence chez IDF-Mobilités

Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance

Ile-de-France Mobilités doit préparer les évolutions des transports publics de la région. Sa directrice du numérique, Hélène Brisset, en détaille ici les enjeux IT.

Hélène Brisset est désormais directrice du numérique de Ile-de-France Mobilités. - © Republik IT / B.L.
Hélène Brisset est désormais directrice du numérique de Ile-de-France Mobilités. - © Republik IT / B.L.

Pouvez-vous nous présenter Île-de-France Mobilités ?

Hélène Brisset : Île-de-France Mobilités, établissement public administratif local, est l’autorité organisatrice des mobilités pour la région Île-de-France.

Pour le premier réseau de transports en Europe, deuxième au monde tout juste derrière Tokyo en termes de déplacements par jour, Île-de-France Mobilités organise chaque jour les déplacements de 10 millions de Franciliens. Notre région concentre en effet 20 % de la population française et la loi d’Orientation des Mobilités en a fait un cas particulier. En effet, si les mobilités restent une attribution des régions, l’Île-de-France dispose de son propre établissement, présidé par la présidente de région.

Île-de-France Mobilités (IDFM) a succédé au Stif (syndicat des transports d’Île-de-France) avec un périmètre qui ne se limite pas au seul financement des transports. IDFM est l’autorité organisatrice des transports en Île-de-France, qui pilote le service public des transports en Île-de-France. IDFM gère les appels d’offre et les services numériques communs pour l’information voyageurs et la billettique. C’est un changement de paradigme.

Quelles sont vos relations avec la RATP, la SNCF, la SGP (Société du Grand Paris) ?

La RATP et la SNCF sont des opérateurs de transport, donc à la fois nos partenaires et nos fournisseurs avec qui nous travaillons au quotidien pour assurer le service aux voyageurs. Nous veillons notamment à la qualité de service et à celle de l’information voyageurs, et bien sûr nous avons une obligation de stricte neutralité entre les différents opérateurs. L’enjeu est de garantir l’amélioration du service rendu aux usagers.

La Société du Grand Paris construit actuellement les infrastructures du grand Paris Express, qui seront ensuite transmises à Île-de-France Mobilités pour qu’elle en organise l’exploitation en lien avec les opérateurs de transport.

Quels sont les conséquences sur votre SI ?

Notre SI porte plusieurs grandes missions.

Notre plateforme numérique permet la collecte et la diffusion de l’information voyageurs à partir de laquelle nous pouvons créer des services comme les calculs d’itinéraires de plus en plus performants et multimodaux ou l’empreinte carbone d’un déplacement. Et ce pour tous les transports, y compris pour le vélo électrique, les transports adaptés pour les personnes à mobilité réduite, les transports à la demande, et les transports scolaires adaptés. C’est la partie la plus visible de notre SI car elle est accessible par nos usagers autant au travers d’une application dédiée que du web, avec plusieurs millions de connexions par mois. (Ces médias ont enregistré plus de 8 millions de visites sur septembre dont plus de 5 millions sur l’application Île-de-France Mobilités).

La plateforme régionale d’informations pour la mobilité (PRIM), qui porte l’application IDFM, permet aussi la rediffusion en open data de l’offre théorique de transport et de l’information voyageurs en temps réel issue des différents transporteurs. C’est la base de services qui sert à la recherche d’itinéraires. Cette plateforme est développée et opérée par Capgemini et plusieurs sous-traitants. Comme nous avons un fort besoin de scalabilité, nous avons opté pour le cloud conformément à la doctrine cloud de l’État. Nous utilisons ainsi plusieurs hébergeurs français ou non et nos données sont hébergées en fonction de leur sensibilité.

De plus, plusieurs plateformes du commerce contribuent à gérer nos données et à réaliser de la datavisualisation et des analyses. C’est une partie de notre activité qui est en plein essor :  un département dédié à la data a d’ailleurs été créé au sein de la direction du numérique. La data nous sert par exemple à piloter la qualité de service, objectiver certains volets de la rémunération des opérateurs ou porter des outils d’aides à la décision pour les différents métiers.

D’autres outils permettent également le pilotage et le suivi des contrats avec les opérateurs de transport.

Concernant l’environnement numérique de travail, nous nous appuyons sur la suite bureautique Microsoft 365.  Nous préférons mobiliser notre énergie pour appuyer le service public plutôt que de redévelopper des outils bureautiques. Ce choix avait été fait avant mon arrivée et je l’assume tout à fait. 

Quels sont vos défis actuels ?

Tout d’abord, la direction du numérique porte la transformation numérique d’Île-de-France Mobilités, avec la mise en place d’une stratégie partagée avec l’ensemble des métiers d’IDFM. Le numérique est un appui et un accélérateur pour répondre aux besoins des Franciliens en matière de transport et de mobilité qui sont en constante évolution. Il intervient aussi en appui des grands événements planifiés dans la capitale comme les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ou la coupe du monde de rugby.

Nous accompagnons particulièrement l’ouverture à la concurrence des transports publics, avec un objectif d’amélioration du service rendu aux usagers. Par exemple, pour les bus, l’ouverture à la concurrence se fera le 1er janvier 2025. Il faut donc désimbriquer les systèmes d’information, et des travaux importants sont engagés avec l’ensemble des opérateurs de transport à cet effet.

Par ailleurs, l’enjeu autour des datas est très fort dans le domaine des transports et cela représente un levier de transformation important.

J’ai aussi proposé la mise en place d’une fabrique numérique, qui constitue un véritable accélérateur pour co-construire des réussites numériques entre IT et métiers.

Enfin, bien entendu, nous poursuivons la montée en puissance de la direction du numérique qui n’a que dix mois.