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La Suite Numérique : lancement du collaboratif souverain et agile de l’Etat

Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage

En déplacement sur le stand de l’État sur VivaTech, Stanislas Guerini, ministre chargé de la Transformation et de la Fonction Publiques, a officiellement lancé La Suite Numérique qui équipera prochainement tous les agents publics.

Samuel Paccoud est responsable du pôle Suite Numérique à la DINUM. - © Républik IT / B.L.
Samuel Paccoud est responsable du pôle Suite Numérique à la DINUM. - © Républik IT / B.L.

Un Google Workspace ou un Microsoft Office 365 souverain ? Pas du tout. La Suite Numérique, officiellement lancée sur VivaTech par Stanislas Guerini, ministre chargé de la Transformation et de la Fonction Publiques, le 23 mai 2024, n’est pas comparable à ces mastodontes. « La Suite Numérique est un écosystème d’applicatifs pour rendre plus simple le travail quotidien de tous les professionnels de la sphère publique » a expliqué Samuel Paccoud, responsable du pôle Suite Numérique à la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique). Celui-ci était d’ailleurs venu au Digital Workplace Summit 2024 rencontrer ses pairs et découvrir des offres du marché mais sans intervenir en Grand Témoin sur un atelier, dans l’attente de l’annonce ministérielle, contrairement à Ulrich Tan venu présenter Albert.

La Suite Numérique est donc un ensemble d’applicatifs, pas un énorme outil rigide. L’approche de la DINUM est donc certes souveraine mais aussi agile. Si un grand nombre de fonctionnalités sont d’ores et déjà disponibles, d’autres apparaîtront au fur et à mesure, y compris, le cas échéant, fournies par des éditeurs commerciaux. Le coeur de La Suite Numérique est son SSO, basé sur AgentConnect. Cet annuaire intègre l’ensemble des agents publics mais peut aussi comprendre tout tiers devant interagir avec un agent public, par exemple pour lui envoyer un gros fichier. Les poumons, ce sont des standards d’échanges, des protocoles industriels éprouvés, en évitant de réinventer la roue. Ce sont ces éléments qui ont été au coeur du travail effectué par la DINUM, pas les multiples applications de l’écosystème qui, pour la plupart, existaient déjà.

Tchap est l’application phare, Grist son bijou

L’outil phare, c’est Tchap, la messagerie instantanée open-source de l’État qui dispose aujourd’hui de 200 000 utilisateurs mensuels et un million de messages par semaine. Les messages vocaux et bientôt vidéos enrichissent cet outil. Le collaboratif organisé par projets, notamment pour échanger et interagir autour de fichiers, est Resana, un autre outil déjà éprouvé depuis des années. S’ajoutent d’autres applicatifs : France Transfert (le WeTransfer souverain), la webconférence de l’État (basé sur Jitsi), une implémentation de Collabora (LibreOffice en SaaS), etc. Samuel Paccoud insiste : « il s’agit de communs numériques dont le développement a bénéficié de fonds publics sur appels à projets mais d’autres outils vont s’ajouter au fur et à mesure ». Pour s’intégrer à La Suite Numérique en toute agilité, la règle, c’est le respect des protocoles fixés et l’intégration de la SSO.

Le responsable de pôle est très fier que Grist appartiennent à La Suite Numérique. Ce tableur de nouvelle génération « n’a pas et n’aura pas d’équivalent de sitôt dans les suites Microsoft ou Google » selon lui. Cet outil open-source tient en effet à la fois du tableur classique et de la base de données avec une approche par vues, des procédures NoCode, la capacité d’intégrer des formulaires, des macros en Python, une connexion à des flux tiers par API… Grist est déjà très utilisé dans les collectivités locales. Encore une fois, La Suite Numérique n’est pas un outil monolithique rigide mais un écosystème agile : on peut donc y ajouter toutes les innovations pertinentes, la DINUM veillant juste au respect des règles, quitte à financer le développement nécessaire. La DINUM a déjà conclu un accord avec son homologue allemand pour réaliser des développements communs. D’autres pays devraient s’associer à cette initiative, y compris hors de l’Europe.

Dans le cloud mais pas seulement

Les différents outils sont généralement conçus pour être des SaaS. Bien sûr, ils peuvent être hébergés sur des clouds d’État (Nubo, Pi). Mais ils peuvent aussi être déployés sur tous les clouds de confiance SecNumCloud (OVHcloud, Outscale…). Certaines applications sont ou seront déployées centralement par la DINUM. Mais d’autres acteurs publics peuvent aussi déployer leurs propres implémentations, y compris sur leurs propres serveurs. Les échanges sont rendus possibles par l’usage du SSO et des protocoles communs. Et il en sera, à terme, de même pour tous les acteurs tiers souhaitant s’intégrer à La Suite Numérique.

« Notre approche est agile et pragmatique » explique Samuel Paccoud. Il n’y a donc ni nouveau référentiel général, ni nouvelles spécifications techniques mais uniquement emploi de protocoles éprouvés et d’un SSO unique, clé de voûte du système.