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L’État expérimente l’IAG pour aider les agents à mieux interagir avec les citoyens

Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage

Au-delà des premières annonces de Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, la DINUM développe actuellement une IAG souveraine pour préparer la suite à partir de 2024.

Stanislas Guerini est le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.  - © Assemblée Nationale
Stanislas Guerini est le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. - © Assemblée Nationale

Opéré par la DILA (Direction de l’information légale et administrative), le site Service-Public.fr permet aux citoyens de consulter des fiches pratiques sur les démarches administratives ou le droit applicable à telle ou telle situation. La direction interministérielle de la transformation publique (DITP), de son côté, édite le site Services Publics + qui permet aux citoyens d’interagir avec l’administration pour témoigner de leurs expériences. L’objectif de ce dernier service est d’améliorer l’expérience usagers. Le 5 octobre 2023, Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a annoncé que l’État mettait en œuvre une intelligence artificielle générative (IAG) pour aider les agents volontaires de Services Publics + à répondre aux citoyens. En l’occurrence, la première phase d’expérimentation a lieu à la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse). 

Il s’agit, avec cette expérimentation, de démontrer la valeur d’usage du recours à l’IAG dans la relation citoyen. Les agents volontaires qui mènent l’expérience bénéficient donc de propositions de réponses aux messages des citoyens. Ils ont la possibilité d’améliorer chaque réponse avant envoi. Ils doivent notamment veiller à l’absence des fameuses « hallucinations » de l’IA. Comme l’IAG utilise des données publiques, l’expérience utilise pour l’instant des outils du commerce. Mais, en parallèle, la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique) travaille, elle, sur l’étape suivante : une IAG souveraine opérée par l’Etat.

Une IAG souveraine pour traiter aussi des données sensibles

Avec la feuille de route définie en début d’année, la DINUM a recentré le rôle d’Etalab. Il était auparavant en charge du portail d’open-data de l’État, Data.gouv.fr, qui est désormais sous la responsabilité de l’opérateur de la DINUM, le portail était aujourd’hui mature. Recentrant son rôle, Etalab s’est vu doté d’un Datalab avec comme vocation de mettre en œuvre des traitements sécurisés de données. La DINUM explique ainsi le nouveau rôle d’Etalab : « Valoriser et exploiter les données comme levier d’efficacité de l’action publique : en mobilisant des données ouvertes et non ouvertes, en pilotant l’action publique grâce à la donnée et en déployant des services innovants et proactifs pour les agents et les usagers ». C’est dans le cadre de ce Datalab que la DINUM travaille sur une IAG souveraine. Celle-ci aura vocation, en 2024, à traiter les cas d’usages qui seront déployés, y compris avec des données personnelles ou sensibles.

« Contrairement à d’autres projets où il faut convaincre de la pertinence des solutions, nous avons, avec l’IAG, de nombreuses demandes de la part des administrations » indique Ulrich Tan, chef du pôle Datalab du département Etalab et adjoint à la cheffe du département Etalab au sein de la direction interministérielle du numérique et rapporteur au comité sur l’intelligence artificielle générative, lancé par la Première ministre le 19 septembre dernier. La future IAG souveraine pourra aussi bien être utilisée dans un cloud si elle traite des données publiques que sur un hébergement interne si les données sont plus sensibles. Le cas d’usage présenté par Stanislas Guérini n’est donc qu’un test en attendant de nombreux autres cas d’usages dans plusieurs administrations. Pour Ulrich Tan, « la machine n’est pas capable de remplacer un agent et ce n’est pas l’objectif. Il s’agit juste d’aider les agents à rédiger des textes pour gagner du temps. »

Un outil testé en interne à la DINUM

Depuis quelques mois, le Datalab de la DINUM a développé une IAG baptisée (provisoirement) Albert. Il s’agissait d’acquérir les savoir-faire nécessaires et de construire une plate-forme technique. Celle-ci s’appuie sur des algorithmes d’intelligence artificielle (en général en Python) qui peuvent être associés. Par exemple, l’IAG principale peut ainsi être assistée par des IA spécialisées (filtrage des propos haineux…). Plusieurs briques d’IA ont été testées successivement. « Nous avons construit la plate-forme de telle sorte à pouvoir facilement ajouter ou supprimer des briques d’IA » précise Ulrich Tan. Actuellement, les tests sont opérés avec plusieurs outils : Lama 2, Mistral.ai…

L’IAG de la DINUM n’est, pour l’instant, utilisée qu’en interne au Datalab. Le corpus de textes utilisé par Albert comprend 40 000 questions-réponses construites à partir des 4 000 fiches pratiques de Service-Public.fr. Les modèles pré-entrainés sont fine-tunés (réglés finement en français) notamment pour adopter la forme du langage administratif. Le réglage fin se poursuit au fur et à mesure des tests. Les corrections opérées par les agents sont également intégrées dans une boucle MLOps. Parmi les tests opérés par le Datalab, l’usage exclusif de CPU, sans recours à des GPU coûteux, a donné des résultats encourageants.

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