BNP Paribas : deux ans pour migrer 10 000 bases de données
Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage
BNP Paribas renforce son recours aux solution d’Oracle en migrant, d’ici fin 2026, 10 000 bases de données sur Oracle Exadata Cloud@Customer.
Lors du Oracle CloudWorld à Las Vegas, deux dirigeants de BNP Paribas, Jean-Yves Fillion (vice-président BNP Paribas USA) et Bernard Gavgani (Group CIO de BNP Paribas), ont dialogué sur scène en plénière avec la CEO d’Oracle, Safra Catz. BNP Paribas était le seul client européen à avoir cet honneur. Il est vrai que la relation entre le groupe bancaire et l’éditeur est intense depuis plus de vingt ans. Et la collaboration vient de franchir une étape significative : les deux entreprises ont annoncé que, d’ici fin 2026, BNP Paribas allait migrer 10 000 bases de données sur Oracle Exadata Cloud@Customer, ce qui représente un volume de plusieurs pétaoctets. La particularité de cette offre est qu’il s’agit, certes, des technologies de Oracle Cloud Infrastructure (OCI) mais hébergées dans les datacenters propres du client, en l’occurrence BNP Paribas. La solution Exadata est intégrée : elle comprend aussi bien les serveurs que le stockage et les couches logicielles.
« On parle beaucoup de contenus mais rarement de contenant » a regretté Bernard Gavgani, DSI du groupe BNP Paribas. La base de données constitue pourtant un vrai enjeu technique, loin d’être un simple consommable, même si le « contenu », c’est à dire les datas elles-mêmes, ont évidemment leur lot de problématiques critiques (comme la qualité par exemple). Des sujets tels que l’obsolescence technique, la sécurité, la fiabilité, les interconnexions applicatives, la performance, etc. doivent tous être traités. Dans la sécurité, un focus particulier est à prendre en compte : les droits d’accès aux données. Ce focus est d’autant plus nécessaire que le développement de l’IAG vient semer une certaine confusion à cause de ses accès propres.
Du cloud mais interne
Les données de BNP Paribas, à cause de l’activité bancaire, sont d’une particulière sensibilité. Il serait inacceptable que le groupe prenne le moindre risque. BNP Paribas a donc opté depuis toujours pour un hébergement strictement interne des données clients. Le groupe possède bien sûr son cloud privé IBM pour le Legacy sur Mainframe avec des bases de données DB2. Mais il y a beaucoup d’autres technologies. Une dizaine de plateformes ont ainsi été recensées, la plupart en voie d’obsolescence dans les années qui viennent. Certaines technologies ont des usages restreints dans des contextes précis (MongoDB pour le paiement instantané, DB2 pour le core banking, etc.). Mais la plupart des bases de données sont déjà sur technologies Oracle.
Bernard Gavgani se trouvait face à un certain nombre d’enjeux et de contraintes : performance, accès simplifiés aux données par un jeu unique d’API, volumes en croissance forte, sécurité et confidentialité, etc. Il fallait également que la technologie choisie soit d’une pérennité assurée. Bernard Gavgani a soupiré : « il nous est arrivé de choisir des solutions originales mais qui n’ont pas su séduire de nombreux clients et qu’il nous a fallu ensuite remplacer. » La pérennité d’Oracle et la fiabilité de leurs solutions étaient donc des critères essentiels dans le choix opéré. Par ailleurs, la capacité à accroître en toute agilité les volumes était aussi une contrainte fondamentale. La solution Oracle Exadata Cloud@Customer avait l’avantage de proposer une approche cloud sans obliger à ouvrir les données à l’extérieur. « Nous avons regardé s’il était pertinent de choisir le cloud IBM et DB2 ou une autre technologie (PostgreSQL…) mais la conversion aurait été trop longue et entraînant des interruptions inacceptables du point de vue Business » a relevé Bernard Gavgani.
Le business en première préoccupation
Garantir le service au business est en effet la première priorité, sans aucune rupture ou compromission. Pour Bernard Gavgani, « les technologies en elles-mêmes n’intéressent pas les directions générales mais la perte de temps ou d’argent, elle, est une vraie préoccupation. » Choisir une technologie de base de données relationnelle n’est-il pas restrictif ? Pour BNP Paribas, il y a un vrai retour en force du SQL. Christophe Negrier, DG d’Oracle France, a mentionné ; « Oracle va proposer une base de données convergée au-delà du seul relationnel avec de l’orienté graphe ou objet notamment. »
En tout, ce sont 10 000 bases de données (déjà sous diverses technologies Oracle) qui vont migrer vers Oracle Exadata Cloud@Customer d’ici fin 2026. La bascule repose sur la création d’une usine à migration. La maintenance va être opérée par une filiale européenne d’Oracle. Hébergée dans les datacenters propres de BNP Paribas, cette architecture est non seulement potentiellement isolée (pour éviter toute indiscrétion par des acteurs étatiques, notamment en lien avec une législation à effet extraterritorial) mais les données elles-mêmes sont chiffrées avec une clé possédée et gérée par BNP Paribas, en aucun cas par Oracle. Le modèle tarifaire est malgré tout basé sur le volume des données hébergées. Si Oracle ne vas pas subir de baisse de chiffre d’affaires par ce projet, la baisse des coûts connexes amène un ROI en deux ans à la migration, sans oublier une assurance de conformité aux réglementations de type Dora.