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L’intelligence artificielle générative inspire trop de confiance

Par Bertrand Lemaire | Le | Data

Selon deux études réalisées par le Capgemini Research Institute, consommateurs comme dirigeants d’entreprises ont beaucoup d’illusions sur l’IAG (intelligence artificielle générative).

L’intelligence artificielle générative alimente beaucoup d’espoirs très partagés. - © Lukas / Pixabay
L’intelligence artificielle générative alimente beaucoup d’espoirs très partagés. - © Lukas / Pixabay

Comme l’ont rappelé Luc Julia et Yves Caseau dans leurs récentes interviews, l’intelligence artificielle générative (IAG) commet beaucoup d’erreurs lorsqu’elle ne s’applique pas à un jeu de données limité et focalisé. Elle est notamment victime de ce que l’on nomme les « hallucinations » liées à son mode opératoire essentiellement statistique. Pourtant, selon des études réalisées par le Capgemini Research Institute, consommateurs comme dirigeants d’entreprises lui accordent beaucoup de confiance, sans doute beaucoup trop, même si les usages restent largement cantonnés à des usages précis.

Concernant les consommateurs, 51 % déclarent avoir déjà utilisé une IAG, qu’il s’agisse d’un agent conversationnel sur un site web ou d’un générateur de textes ou d’images en ligne. La confiance manifestée dans cette technologie est très élevée : 53 % font confiance à l’IA générative pour les aider à gérer leurs finances, 67 % pour des diagnostics et conseils médicaux, 63 % pour développer des traitements médicaux plus précis et plus efficaces, 66 % pour des conseils sur leurs relations personnelles ou leurs projets de vie et de carrière… De plus, 43 % souhaitent que les entreprises utilisent l’IA générative pour interagir avec eux. 49 % déclarent ne pas craindre le potentiel pour fabriquer de fausses informations. Seulement 34 % s’inquiètent de sa capacité à créer du phishing, 33 % des questions de droits d’auteur et à peine 27 % se préoccupent de l’utilisation d’algorithmes d’IA générative pour copier les modèles ou les compositions des produits des concurrents.

Symétriquement, 74 % des dirigeants d’entreprises estiment que les bénéfices de l’IA générative l’emporteront sur les inquiétudes qu’elle suscite. 21 % d’entre eux estiment que leurs secteurs d’activité en seront bouleversés, 40 % des entreprises disposent d’ores et déjà des équipes dédiées et d’un budget dédiés et 49 % envisagent de le faire d’ici un an. Le premier usage envisagé est le chatbot pour automatiser le service client ou améliorer la gestion des connaissances (83 %) ainsi que la conception, la collecte ou la synthèse de données (75 %). La plupart des dirigeants pensent que l’IA générative rendra la conception de produits et de services plus efficace (78 %), rendra les produits plus accessibles (76 %), les expériences clients plus interactives et plus engageantes (71 %) et qu’elle améliorera le service client en offrant une assistance automatisée et personnalisée (67 %). Cependant, 78 % des entreprises comprennent que l’IA générative peut avoir une empreinte carbone plus importante que les programmes informatiques habituel. Logiquement, un chiffre similaire considère qu’il est indispensable que l’IA générative soit déployée de façon durable. Parmi les organisations qui prévoient d’entraîner leurs propres modèles (8 %), seulement environ la moitié ont pris des mesures pour réduire leur impact environnemental.

A propos des études

Les études mentionnées ont été réalisées par le Capgemini Research Institute. Elles sont basées respectivement sur plusieurs enquêtes. Il s’agit respectivement de « Harnessing the value of generative AI : top use cases across industries » (Exploiter le potentiel de l’IA générative : principaux cas d’usage sectoriels) et de « Why consumers love generative AI » (Pourquoi les consommateurs aiment l’IA générative).

La première est une enquête quantitative auprès 1 000 entreprises intéressées par le potentiel de l’IA générative dans 13 pays d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie-Pacifique (Royaume-Uni, États-Unis, Australie, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Norvège, Singapour, Espagne et Suède). Elle a été complétée par des entretiens qualitatifs avec 10 dirigeants issus de différents secteurs d’activité. Presque toutes les entreprises interrogées affichent un chiffre d’affaires annuel supérieur à 1 milliard de dollars, et plus de la moitié (55 %) un chiffre d’affaires supérieur à 5 milliards de dollars.

La seconde est une enquête quantitative auprès de 10 000 consommateurs âgés de plus de 18 ans dans 13 pays d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie-Pacifique (Royaume-Uni, États-Unis, Australie, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Norvège, Singapour, Espagne et Suède). L’analyse de la perception des consommateurs à l’égard de l’IA générative sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche a été menée sur deux périodes : entre avril 2022 et mars 2023 pour les moteurs de recherche, et entre octobre 2022 et avril 2023 pour les réseaux sociaux. L’étude a été réalisée en utilisant des outils d’agrégation de données, notamment les données de Google Keyword Planner, Talkwalker et des recherches documentaires. Les sources de données telles que les réseaux sociaux et les forums ont été étudiées dans plusieurs langues, à savoir l’anglais, l’italien, le japonais, le français, l’espagnol, l’allemand, le néerlandais, le portugais et le suédois, couvrant divers pays, notamment l’Allemagne, l’Australie, le Canada, l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, Singapour et la Suède.