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Hélène Brisset (IdF Mobilités) : « notre IT évolue plus vite, plus haut et plus fort grâce aux JOP »

Par Bertrand Lemaire | Le | Gouvernance

Le grand défi des prochains mois pour Ile-de-France Mobilités est, bien sûr, les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024. Hélène Brisset, directrice du numérique d’Ile-de-France Mobilités, explique en quoi l’IT est concernée par le sujet. A plus long terme, l’ouverture à la concurrence du réseau de transports en commun se profile, là aussi avec des conséquences IT.

Hélène Brisset est directrice du numérique d’Ile-de-France Mobilités.  - © Républik IT / B.L.
Hélène Brisset est directrice du numérique d’Ile-de-France Mobilités. - © Républik IT / B.L.

Pouvez-vous nous présenter Ile-de-France Mobilités ?

Île-de-France Mobilités, établissement public administratif local, est l’autorité organisatrice des mobilités pour la région Île-de-France. Cela inclut bien sûr l’ensemble des transports en commun (métro, bus, RER, etc.) mais aussi les vélos et le covoiturage. L’impact de son action est donc considérable sur le quotidien des Franciliens mais aussi pour tous les visiteurs.

Ainsi, pour le premier réseau de transports en Europe, deuxième au monde tout juste derrière Tokyo en termes de nombre de déplacements par jour, Île-de-France Mobilités organise chaque jour les déplacements de 10 millions de Franciliens.

Quelles sont les grandes caractéristiques de votre architecture technique IT ?

Il y a une partie très visible : l’app IdF Mobilités et la plate-forme qui informe en temps réel les voyageurs sur le trafic. Pour cela, nous consolidons centralement l’information issue de tous les opérateurs de transport (RATP, SNCF, etc.).

Evidemment, nous avons aussi tous les outils classiques d’un SI corporate.

Comme nous sommes amenés à traiter un très gros volume de flux en temps réels, nous avons besoin de beaucoup de scalabilité et de robustesse. Nous avons donc choisi de nous appuyer sur le Cloud, en l’occurrence Microsoft Azure pour l’information voyageurs. Nous n’avons pas beaucoup d’applications traitant des données personnelles sensibles au sens du RGPD. Pour celles-ci, bien sûr, l’hébergement est préférentiellement on premise.

Notre approche est pragmatique. A chaque fois, nous nous demandons : de quoi a-t-on besoin ? Et nous choisissons en conséquences.

Comment est construite votre plateforme d’échanges avec vos partenaires opérateurs ? L’arrivée des nouvelles lignes du Grand Paris et de la concurrence sur le réseau de transports en commun va-t-elle changer quelque chose ?

La Plateforme Régionale d’Informations pour la Mobilité (PRIM), hébergée sur Azure, ne va pas changer beaucoup : elle est construite pour être nativement multi-opérateurs. Qu’il y en ait plus ou moins, cela ne change rien. De même, les nouvelles lignes et prolongations sont d’ores et déjà prévues dans PRIM.

Les bus vont être ouverts à la concurrence à partir de 2025. Nous travaillons en ce moment avec tous les opérateurs pour construire des socles pérennes et opérationnels pour les échanges de données. Et c’est la même logique pour tous les applicatifs : billettique, information voyageurs, planification des départs de bus…

Nous travaillons aussi à la simplification de la diffusion d’informations en arrêts de bus, avec mutualisation. Soit elle peut s’opérer par 4G/5G, soit en utilisant un réseau hertzien propriétaire opéré par TDF.

Les SI d’Ile de France Mobilités doivent gérer un patrimoine hétérogène. - © Républik IT / B.L.
Les SI d’Ile de France Mobilités doivent gérer un patrimoine hétérogène. - © Républik IT / B.L.

Dans quelques mois auront lieu les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024. Qu’est-ce que cela implique pour le numérique d’Ile-de-France Mobilités ?

C’est une vraie opportunité pour que notre IT évolue plus vite, plus haut et plus fort. Et, comme les installations olympiques, avec un véritable héritage pérenne qui servira les Franciliens au quotidien après les Jeux. Les JOP Paris 2024 constituent donc un accélérateur.

Côté transports, les JOP représentent dix heures de trafic de pointe par jour. Cela a bien sûr des conséquences sur les temps de réponse des services, la cybersécurité, etc. Ce que nous mettons en place pour renforcer nos services sera ensuite conservé et améliorera donc la qualité des services rendus à la population.

Nous avons construit une app Transports Publics Paris 2024 qui est une app jumelle de IdF Mobilités avec quelques ajouts comme les parcours pour aller sur les sites olympiques en répartissant intelligemment les spectateurs et en leur proposant différentes options (le plus vite, le moins de changements…). Cette version plus évoluée du calculateur d’itinéraire est aussi directement déployée dans l’app IdF Mobilités. L’application actuelle propose deux langues : le Français et l’Anglais. Dans Transports Publics Paris 2024, nous y ajoutons une traduction par IA en Espagnol, Italien, Portugais et Allemand. Cette traduction est déjà disponible sur le portail web et la sera prochainement sur l’application classique.

Retrouvez Hélène Brisset au Club du 13 novembre 2024

Hélène Brisset, directrice du numérique d’Ile-de-France Mobilités sera Grande Témoin sur le Club Hacktiv’Talk « Jeux Olympiques de Paris : quel bilan tirer ? », le mercredi 13 novembre 2024. Elle sera accompagnée par Daniel Gauvain, RSSI d’Ile-de-France Mobilités.

Renseignements et inscriptions

En dehors des Jeux Olympiques et Paralympiques, quels sont vos autres grands projets ?

Pour anticiper les JOP, nous sommes entrés en phase de gel applicatif depuis le 15 avril avec des tests intenses et des bug-bountys.

Une fois les JOP passés, notre prochain grand projet est le remplacement de 106 numéros d’appels téléphoniques par un seul numéro. L’objet de l’appel sera alors reconnu par IA grâce à notre partenariat technologique avec Orange Business Services. Après un pilote en début d’année, le déploiement est prévu au deuxième semestre.

Enfin, quels sont les grands défis que vous avez à relever en dehors des JOP ?

Nous devons continuer à apporter des innovations par le numérique dans le deuxième réseau de transports publics du monde, réseau de plus en plus étendu et complexe.

Et puis nous rencontrons bien sûr tous les défis et enjeux communs à toutes les directions du numérique.

D’abord, je pense à la cybersécurité. Les risques sont de plus en plus élevés et forts. La visibilité planétaire des JOP entraîne évidemment un surcroît de risques.

Et puis nous avons aussi de nombreuses opportunités à saisir autour de l’IA. C’est une famille technologique qui évolue très vite. Nous devons en profiter pour apporter des services innovants comme la traduction instantanée ou la compréhension des demandes exprimées en langage naturel oralement même en environnement bruyant (comme dans un bus ou un métro).