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Schiever digitalise le travail de son personnel de terrain

Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage

Les « travailleurs de première ligne » sont souvent oubliés dans les plans de digitalisation. Pas chez le distributeur Schiever grâce à Wizy.io.

Gilles Roux, DSI France du groupe Schiever, a voulu supprimer la rupture front/back office. - © Schiever
Gilles Roux, DSI France du groupe Schiever, a voulu supprimer la rupture front/back office. - © Schiever

Entreprise strictement familiale issue d’un vendeur de vins et spiritueux, le groupe Schiever est aujourd’hui un distributeur multi-enseigne présent essentiellement en Bourgogne mais aussi en Pologne et au Tadjikistan. Son siège est toujours à Avalon. Il possède une quinzaine d’hypermarchés utilisant l’enseigne Auchan et une centaine de supermarchés Bi1 (ainsi qu’encore quelques Atac en cours de conversion), franchise des épiceries de proximité sous l’enseigne Proximarché, et est présent dans la distribution spécialisée soit sous enseigne propre (Holi), soit sous franchise (Weldom, Bricoman, Kiabi). « Le coeur de notre métier reste tout de même l’alimentaire » remarque Gilles Roux, DSI France du groupe Schiever. Comme toutes les entreprises de distribution, Schiever possède un important personnel de terrain dits « travailleurs de première ligne » aux nombreuses taches non-informatisées. Or la digitalisation, là aussi, peut être source de productivité et de confort.

La DSI France gère la totalité du SI de l’entreprise et c’est donc à elle de piloter toute évolution. Assez classiquement dans son secteur, Schiever a un SI reposant sur le triptyque central / entrepôts / magasins, la bureautique, transverse à cette division, reposant sur Google Workspace. Côté SI central, comptabilité Sage et paie Sopra Pléiade on premise côtoient une gestion des articles et des flux sous SAP ECC/Hana en mode cloud (en cours de conversion vers S/4). Les entrepôts ont un SI essentiellement constitué du WMS Logidrive d’Acteos. Enfin, côté magasins, le SI repose pour l’essentiel sur des serveurs décentralisés : un back-office développé sous WinDev baptisé AMI, une gestion des encaissements Orika sur serveurs Linux, etc. Certains applicatifs destinés au magasin sont gérés centralement comme le pilotage des étiquettes électroniques ou Sam d’Acteos qui gère les prédictions de vente et les propositions de réapprovisionnement à partir de 250 modèles mathématiques.

Une rupture de digitalisation entre front et back office

Même si aucun besoin métier précis n’avait jamais été exprimé, tous ne pouvaient que constater une rupture digitale entre les fonctions de gestion (back-office) et celles de terrain (front-office, frontline workers ou travailleurs de première ligne). Gilles Roux dénonce : « on voudrait toujours que le terrain utilise les mêmes outils que le central. Or ce n’est souvent pas du tout adapté. L’exemple typique est l’e-mail sur PC. Le personnel de magasin devrait toujours être en surface de vente et ne pas avoir à revenir dans un bureau. » Pour lui, une seule conclusion possible : « il faut supprimer la rupture digitale entre front et back office. »

L’approche proposée par Wizy.io a tout de suite séduit les utilisateurs pilotes en magasins car les solutions développées reposent sur la prise de photos et des extractions d’information directement à partir de ces photos.

En magasin, autant que possible, chacun préfère des échanges oraux et utilise des terminaux durcis lorsqu’un outil informatique est nécessaire. Mais toute saisie, dans ces conditions, est vite fastidieuse. « L’approche proposée par Wizy.io a tout de suite séduit les utilisateurs pilotes en magasins car les solutions développées reposent sur la prise de photos et des extractions d’information directement à partir de ces photos » relève Gilles Roux. Un exemple typique, et un des premiers usages développés, est la prise de température quotidienne obligatoire des meubles froids (réfrigérateurs, congélateurs). Auparavant, le relevé était fait en environnement froid et humide par des agents manipulant un gros classeur rempli de formulaires papiers. Rien ne prouvait la validité du relevé (si on avait mal lu, caché un incident, etc.) mais les documents étaient à garder précieusement trois ans en cas de contrôle sanitaire. Maintenant, l’opérateur arrive avec un smartphone dont le magasin a été équipé, prend en photo son badge (identification du releveur, horodatage, géolocalisation) puis la sonde thermomètre. Un OCR amélioré permet un remplissage automatique du document obligatoire avec une traçabilité et une fiabilité bien meilleures.

Le digital pour faciliter le travail de terrain

Techniquement, le smartphone possède un lien vers un portail SaaS proposant une app par usage identifié et ayant fait l’objet d’un développement low-code. Les informations remontées sont gérées dans une base de données dédiée sur le cloud de Google et la solution génère les rapports nécessaires. Fiabilité (preuve par la photo conservée), traçabilité, gain de temps : même actuellement où la solution est encore en mode pilote dans une vingtaine de magasins et donc en double saisie avec l’ancien système, les personnels de terrain font un accueil enthousiaste au produit.

Beaucoup d’hypermarchés utilisent aujourd’hui WhatsApp pour à peu près la même chose mais avec de gros problèmes de gestion des personnels entrants/sortants et de sécurité.

D’autres apps pour d’autres usages sont en cours soit de développement, soit de test. Ainsi, en test, un relevé d’anomalies avec affectation de taches facilite la vie des directeurs de magasins : ils peuvent ainsi faire leur inspection, prendre en photo les éléments à corriger (rupture de stock en rayon, nettoyage à faire…) et affecter la tache à un collaborateur qui pourra ensuite montrer que sa mission est accomplie. « Beaucoup d’hypermarchés utilisent aujourd’hui WhatsApp pour à peu près la même chose mais avec de gros problèmes de gestion des personnels entrants/sortants et de sécurité » observe Gilles Roux. En cours de développement, une app de suivi de l’état de la signalisation routière des magasins (panneaux cachés, cassés, etc.), une app de contrôle de conformité des étiquettes en magasin et une app de digitalisation des formulaires d’adhésion au programme de fidélité (avec meilleure prise en compte du RGPD) devraient bientôt faire leur apparition.

Des petites apps pour de petits usages du quotidien

Pour l’instant, chaque app est encore développée par Wizy.io. Cependant, à terme, Schiever entend bien être autonome car l’outil utilise des principes de développement no/low code. La mise en place de briques sophistiquées comme celles à base d’IA nécessite encore un peu de mise au point par des experts.

Gilles Roux se réjouit : « Wizy.io nous permet de digitaliser une quantité de petits processus de terrain, qui n’ont rien à faire dans un système central. Google vend d’ailleurs une plate-forme avec le même état d’esprit, AppShit, mais seulement pour connecter à l’écosystème Google. »