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Comment les voyageurs bénéficieront de Wi-Fi et de 5G dans le Grand Paris Express

Par Bertrand Lemaire | Le | Cas d’usage

La Société du Grand Paris prévoit la connectivité des voyageurs du futur Grand Paris Express avec, notamment, Hub One.

Le Grand Paris Express sera doté de réseaux 5G/Wi-Fi pour les voyageurs. - © SGP
Le Grand Paris Express sera doté de réseaux 5G/Wi-Fi pour les voyageurs. - © SGP

Outre les prolongations des lignes de métro 11 et 14, la région de Paris va être dotée de plusieurs nouvelles lignes de métro dites du « Grand Paris Express », les lignes 15, 16, 17 et 18. La construction de ces nouvelles infrastructures de transport est sous l’égide d’un établissement public dédié, la Société du Grand Paris (SGP). Mais il ne s’agit pas seulement de creuser des tunnels, d’y poser des rails, de rendre l’infrastructure exploitable et d’y faire rouler des trains. Un certain nombre d’aménagements sont conduits en complément, comme la création de backbones fibres optiques utilisant les tunnels. Et les voyageurs doivent bénéficier d’un certain nombre de services considérés comme nécessaires dans de nouvelles lignes. C’est notamment le cas de réseaux 5G et Wi-Fi.

Ce dernier aménagement est réalisé sous la responsabilité de l’Unité Numérique de la SGP. « L’Unité Numérique est placée au sein de la direction des systèmes de transport, direction également en charge de l’achat des trains, des automatismes, de la signalisation, etc. » explique Marie-Christine Servant, responsable de l’unité numérique. Cette unité est au service des voyageurs et de l’écosystème du Grand Paris Express, y compris les collectivités locales. Outre la pose d’équipements, l’unité numérique va également exploiter des données tant internes (flux voyageurs…) qu’externes (météo…) pour les valoriser auprès de l’écosystème.

Marie-Christine Servant est responsable de l’unité numérique au sein de la SGP. - © D.R.
Marie-Christine Servant est responsable de l’unité numérique au sein de la SGP. - © D.R.

Une infrastructure mutualisée

Les réseaux 5G et Wi-Fi sont considérés comme des services aux voyageurs qui doivent être disponibles sur l’ensemble des emprises du Grand Paris Express : les stations, les tunnels, les couloirs… Mais il était impossible de permettre à chaque opérateur (Orange, SFR, Free et Bouygues Télécom) d’installer ses propres antennes : il n’y avait pas la place nécessaire et les équipements dégageraient trop de chaleur. Le principe adopté par la SGP est donc de mutualiser l’infrastructure réseau avec des conventions d’occupation avec quelques prestataires qui, à leur tour, contractualisent avec les quatre opérateurs licenciés. Le prestataire unique met en place une architecture de Distributed Antenna System à laquelle chaque opérateur connecte son propre réseau. Marie-Christine Servant précise : « la SGP ne fixe pas la politique commerciale des opérateurs de DAS mais vérifie que les infrastructures réseaux installées ne dérangent pas l’exploitation ferroviaire. »

Pour la 5G, la SGP a choisi Cellnex pour les lignes 16 et 17, Totem (Orange) pour la ligne 15 Sud, TDF pour la ligne 18, Telciténao (RATP) pour les prolongations de la ligne 14 et enfin Hub One (Aéroport de Paris) pour la gare d’Orly. Concernant le Wi-Fi et les « fréquences libres », la SGP a choisi Hub One pour l’ensemble du réseau. « Il existe de la 5G et du Wi-Fi sur tous les métros modernes dans le monde » rappelle Marie-Christine Servant. La SGP a choisi de recourir à des concessions de service public avec un opérateur neutre qui créé les infrastructures et les fait évoluer. Marie-Christine Servant relève : « il s’agit de gérer les évolutions technologiques, notamment dans le Wi-Fi. » Comme la concession Wi-Fi concerne en fait l’ensemble des fréquences d’usage libre (sans licence), l’opérateur peut faire évoluer technologiquement le socle et y ajouter toutes sortes de services, y compris payants pour les utilisateurs (par exemple : IoT, push de contenu…).

Un financement à assurer

Par contre, le contrat de concession prévoit bien que le Wi-Fi sera gratuit pour les voyageurs autant dans les gares que dans les trains, avec des engagements de niveaux de service. Du coup, les opérateurs ayant répondu devaient décrire les services connexes envisagés et servant à financer la prestation assurée au bénéfice des voyageurs en complément à la subvention accordée par la SGP. Les contreparties peuvent être, par exemple, de la publicité sur le portail de connexion, des services aux professionnels (IoT…), des services de roaming pour les étrangers… Le contrat de concession est prévu pour quatorze ans.

Hub One a été choisi pour le Wi-Fi comme les autres opérateurs neutres selon plusieurs critères : financiers, techniques, etc. « Hub One a présenté un modèle complet et a bien respecté les critères » se souvient Marie-Christine Servant. L’opérateur a choisi de déployer des matériels Cisco. En fin de contrat de concession, l’ensemble des équipements appartiendra à la catégorie « biens de retour », c’est à dire qu’ils resteront acquis à la SGP.

Des contraintes importantes

La création des réseaux télécoms sur les emprises de la SGP est tout sauf simple. Les contraintes sont nombreuses. La toute première, très pratique, relève des contraintes de chantier : le déploiement doit respecter l’ordonnancement des tâches du chantier. Une autre série de contraintes évidente est liée à l’espace à équiper : les antennes ne doivent pas défigurer les créations architecturales mais permettre une couverture adéquate de toutes les zones. Et les trains sont, rappelons-le, des objets mobiles…

Bien sûr, ni les antennes ni les équipements annexes ne doivent menacer les autres systèmes présents comme la radio des trains. Enfin, l’opérateur est soumis à une contrainte de planning : tout doit être prêt à l’ouverture des lignes à l’exploitation.