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Sparring partner, celui qui murmure à l’oreille du DSI


Après une importante carrière de DSI, Joanne Deval et Benoît Frémaux sont devenus sparring partners au sein de la communauté Seed-Up. Ils expliquent ici leur démarche.

Joanne Deval et Benoît Frémaux, anciens DSI, sont devenus sparring partners.  - © Républik IT / B.L.
Joanne Deval et Benoît Frémaux, anciens DSI, sont devenus sparring partners. - © Républik IT / B.L.

Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre carrière ?

Joanne Deval : Ma carrière m’a permis d’avoir une double casquette. Je suis rentrée à la R&D, puis ai occupé divers postes dans les opérations jusqu’à être directrice de filiale, avant de rejoindre l’IT. Je suis donc arrivée à l’informatique via le métier. J’ai ainsi acquis la conviction de la nécessité d’un copilotage de l’IT en duo DG/DSI.

Benoît Frémaux : Pour ma part, j’ai trois cordes à mon arc. J’ai passé environ dix ans sur l’informatique embarquée, vingt ans dans la distribution (Auchan, Monoprix, FNAC) et dix ans en ESN. J’ai commencé développeur avant d’être chef de projet puis directeur de projet et enfin DSI. J’ai donc commencé réellement dans la technique avant de ne plus en faire, de me consacrer à la stratégie, à la relation métier, tout en continuant de comprendre la technique. A l’inverse, j’ai eu des DG peu familiers des sujets IT.

C’est quoi un sparring partner ? Et en quoi est-ce différent d’un coach ?

Joanne Deval : Le sparring partner est quelqu’un qui a vécu dans l’arène et comprend ce qui arrive. Il va aider à prendre du recul, à éclairer la situation. C’est très différent d’un coach qui va travailler sur la personne elle-même. Et c’est aussi différent d’un consultant qui accompagne un problème à régler. Mais il est vrai qu’il peut m’arriver d’être sparring partner et de basculer un temps en conseil, ou l’inverse.

Benoît Frémaux : Le coach est indépendant du secteur d’activité et même du métier. Le sparring partner se positionne de façon différente et complémentaire : il fournit une assistance, un accompagnement, sur des préoccupations au cœur du métier du DSI. J’aime prendre une image : un joueur de tennis a un coach mental mais il a aussi un autre joueur pour l’entraîner sur le court. C’est ce dernier le sparring partner.

Quel est l’intérêt, pour un ancien DSI, de devenir sparring partner, à part l’intérêt financier évidemment ?

Benoît Frémaux : Il ne vous aura pas échappé que je suis en fin de carrière. J’ai donc un objectif, désormais, de transmettre. J’ai beaucoup reçu. Désormais, je veux donner. Finalement, être sparring partner permet aussi de rester connecté aux réalités et, en fait, on reçoit aussi beaucoup. En matière de management, ce qui m’a toujours motivé, c’est de faire grandir les gens. Et c’est aussi clairement une fierté en tant que sparring partner d’aider des DSI moins expérimentés à se sentir mieux dans leur métier.

Joanne Deval : Bien évidemment, la transmission est aussi une motivation importante pour moi. Je suis, d’une part, sparring partner mais aussi, d’autre part, consultante indépendante, administratrice indépendante, enseignante… Je veux aider les DSI à prendre de meilleures décisions. Au cours de ma carrière de DSI, j’ai eu des moments de solitude. J’aurais aimé, à ces moments-là, avoir quelqu’un à mes côtés pour m’épauler, m’expliquer, me comprendre. C’est cela, finalement, le rôle du sparring partner.

En informatique, on est souvent sous pression. La Tech a évidemment acquis une grande importance pour les métiers. Mais il n’en demeure pas moins qu’il y a encore beaucoup à faire pour que l’informatique soit mieux utilisée par le business.

Vous avez votre propre réseau. Il y a les clubs de DSI. Quel est, dans ces conditions, l’intérêt d’utiliser une communauté structurée comme Seed-Up ?

Joanne Deval : Effectivement, j’ai bien sûr mes contacts mais, s’il est relativement facile de trouver clubs et réseau de DSI sur la région parisienne, ça l’est moins ailleurs. D’autre part, il y a un véritable travail de matching de profils avec seed up, et un cadre de travail. Nous avons besoin d’une relation de confiance dans la durée avec des engagements mutuels explicites.

Benoît Frémaux : J’ai vécu trois situations de mentorat. D’abord avec Atout DSI qui ne réalisait aucun matching et aucun suivi. Ensuite comme indépendant isolé et c’était bien sûr la même chose. Et puis, avec Seed-Up, j’ai apprécié le matching de personnalités, le choix du bon profil et un vrai suivi de la mission. En tant que sparring partner, nous accompagnons des DSI. Mais nous aussi avons besoin d’être accompagnés ! Entre sparring partners, nous nous réunissons une fois par mois, ce qui est également très utile.

Que retenez-vous des missions que vous avez effectuées jusqu’à présent ?

Joanne Deval : Je suis encore récente dans la communauté mais j’apprécie de réaliser les accompagnements dans une certaine durée. Je ne déverse pas un savoir. J’ai démarré une mission il y a un an et j’ai le plaisir de voir le DSI aujourd’hui sortir la tête de l’eau. Mais ma mission n’est pas encore terminée.

Benoît Frémaux : Dans les missions que j’ai faites, il y en a deux toujours en cours à raison d’une à deux heures par semaine depuis un an. J’accompagne un DSI adjoint dans une filiale d’un grand groupe où il s’agit de travailler sur la stratégie de l’entreprise et de l’IT. Dans cette filiale, il y a de vrais enjeux humains, de vision stratégique, d’architecture du SI en lien avec le groupe et d’appropriation de la tech par les utilisateurs finaux. C’est très intéressant de voir les progrès.

A propos de Joanne Deval et Benoît Frémaux

Joanne Deval est ancienne élève de l’Ecole Polytechnique (1995-1998) et est titulaire d’un doctorat en micro-électromécanique de l’Université de Californie à Los Angeles (2002). De 2002 à 2022, elle a travaillé au sein du groupe Air Liquide en évoluant au sein de plusieurs fonctions. Elle a notamment été General Manager pour la Tchéquie et la Slovaquie (2011-2013) avant de devenir CIO Europe Industrial Business (2013-2018) puis CIO groupe (2019-2022). Après avoir été CDIO du groupe Elior (2022-2023), elle a eu diverses activités en consultante indépendante.

Benoît Frémaux est ingénieur de l’Institut Catholique d’Arts et Métiers (1986). Il a débuté sa carrière au sein du groupe Sagem (1987-1998), de chef de projet à responsable d’activité. De 1998 à 2000, il a ensuite été Directeur Etudes Informatiques Groupe d’Auchan (aujourd’hui AuchanRetail) où il est revenu comme directeur de la division informatique (2002-2005) puis Group CIO (2016-2019). Entre deux, il a été directeur technique de Logica (2000-2002, aujourd’hui CGI), CIO et COO de Monoprix (2005-2011), DG de Laser-Symag (2011-2012) et CIO de la FNAC (2012-2016, aujourd’hui FnacDarty). De 2019 à 2024, il a été vice-président Retail & Consumer Product Goods chez Devoteam. Ensuite, il a eu diverses activités comme indépendant.