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Comment le CERN gère les cent millions de composants du LHC


Le LHC, au CERN, compte 100 millions de composants gérés au travers du PLM d’Aras comme en a témoigné Antoine Ansel, responsable PLM du CERN, lors de l’événement Aras Connect France le 7 octobre 2025 à Paris.

Antoine Ansel est responsable PLM du CERN. - © Républik IT / B.L.
Antoine Ansel est responsable PLM du CERN. - © Républik IT / B.L.

Fondé en 1952 sous le nom de CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire) sous lequel elle reste connue, l’Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire (OERN) a construit plusieurs accélérateurs de particules depuis 1954 autour de son siège, à la frontière franco-suisse auprès de Genève. C’est au sein du CERN qu’a été créé en 1990 W3C httpd, le tout premier logiciel de serveur Web/HTTP au monde, par Tim Berners-Lee, sous NextSTEP puis OpenVMS et Unix. L’OERN/CERN regroupe 24 états (11 à l’origine) pour réaliser des recherches en physique fondamentale grâce à un budget annuel de 1,3 milliard d’euros. Bien évidemment, les appareillages nécessaires à ces recherches sont extrêmement complexes et onéreux. Ils nécessitent une gestion précise. Antoine Ansel, responsable PLM du CERN, en a témoigné lors de l’événement Aras Connect France le 7 octobre 2025 à Paris à l’invitation de l’éditeur Aras.

Le dernier accélérateur de particules mis en fonction au CERN, en 2008, est le LHC (Large Hadron Collider, grand collisionneur de hadrons, c’est à dire de particules composites assemblées par l’interaction forte telles que les protons et neutrons). Celui-ci permet de faire atteindre des vitesses dépassant les 99,9 % de la vitesse de la lumière à deux flux de protons envoyés en sens inverses et rentrant en collision. Les accélérateurs de générations précédentes n’ont pas été démantelés et servent aujourd’hui comme injecteurs de protons dans le LHC. Un nouvel accélérateur encore plus puissant (90km de circonférence) est actuellement à l’étude. Chaque opération de collision de deux flux de protons entraîne la production de plus de 10 Go de données par seconde.

Un équipement très complexe

« Le LHC a besoin d’un PLM solide pour gérer ses cent millions de composants sur des dizaines d’années avec des équipes de chercheurs utilisateurs dans le monde entier » a souligné Antoine Ansel. L’essentiel de la conception et de l’évolution des équipements est géré sous la CAO Catia de Dassault Systèmes mais d’autres CAO sont également utilisées. Les outils connexes à la CAO fournis également par Dassault Systèmes, notamment le PLM, étaient en voie d’obsolescence et d’arrêt de maintenance. Il était donc nécessaire de remplacer ces outils par un autre PLM et ses modules accessoires.

Après appel d’offres, c’est donc la solution d’Aras qui a été choisie. Le CERN étant l’inventeur du web, l’accès web par chaque utilisateur partout dans le monde, sans client lourd mais juste un navigateur standard, a été un critère important dans ce choix. Le fait que le PLM d’Aras intègre nativement un moteur de recherche, une traçabilité des éléments et un workflow de validation a aussi beaucoup compté, tout comme l’existence du moteur de visualisation et la possibilité de s’interfacer avec plusieurs CAO (et pas seulement Catia). Une difficulté particulière au CERN était de pouvoir intégrer au PLM une très grande quantité de documents associés à chaque composant (description, mode d’emploi…) afin d’en assurer un accès facile. Aras a permis de réaliser ce chargement de documents en mode batch. Enfin, Aras a pu s’intégrer au reste du SI.

Un projet très lourd

L’utilisation de Catia, et jadis de ses outils connexes, concerne des centaines d’utilisateurs partout dans le monde. De plus, les fichiers Catia sont souvent interconnectés les uns avec les autres. La réalisation du pilote a permis de cerner les difficultés et Antoine Ansel n’a pas caché que sa réalisation avait été compliquée. Mais, une fois tout cadré et testé, la migration finale a été opérée en septembre 2025 en un seul week-end. Depuis, le système est à 100 % opérationnel, avec un seul PLM, même s’il reste un peu d’intégration avec le reste du SI à réaliser.

Cependant, ce n’est pas la fin du projet. L’implémentation devrait évoluer dans les mois qui viennent avec la mise en œuvre d’un véritable jumeau numérique intégrant une visualisation 3D à partir des données de CAO. Le CERN souhaite également afficher en direct les données des capteurs associés à chaque composant.