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Workday cultive sa différence pour se développer

Par Bertrand Lemaire | Le | Logiciel

Alternative aux grands ERP traditionnels (SAP, Oracle…), Workday est nativement full SaaS et poursuit son développement au-delà de la GRH.

GàD : Pierre Gousset, vice-président EMEA Pre-sales, et Hubert Cotté, DG France de Workday. - © Républik IT / B.L.
GàD : Pierre Gousset, vice-président EMEA Pre-sales, et Hubert Cotté, DG France de Workday. - © Républik IT / B.L.

Le marché des ERP a beau être globalement mature, les renouvellements peuvent se faire au profit d’acteurs récents. Les bascules vers le Cloud des ERP on premise ou le renouvellement technique de SAP ECC 6 par S/4Hana sont des motifs pour s’intéresser aux alternatives aux solutions classiques comme SAP, Oracle ou Microsoft Dynamics. Workday fait partie de ces alternatives. L’éditeur de l’ERP en SaaS revendique ainsi plus de 10 000 clients dans le monde dont plus de 2 000 en Europe. Connu initialement surtout pour ses modules de gestion des ressources humaines, y compris la paie, sa partie finances connaît actuellement une forte croissance. « Nous avons doublé le nombre d’implémentations en finances en deux ans en Europe » indique ainsi Pierre Gousset, vice-président EMEA Pre-sales de Workday. En complément de son offre SaaS, un PaaS low code, Extend, permet de compléter l’offre de base, notamment pour des développements destinés à des filières sectorielles.

Workday a toujours proposé sa solution en SaaS, initialement uniquement sur ses propres datacenters à raison d’une paire par région. Mais, désormais, la logique est passée au « public cloud first ». Le client a aujourd’hui la possibilité d’installer son implémentation sur AWS et GCP. Pour l’heure, il n’est pas prévu d’autres partenariats avec des hébergeurs. Pierre Gousset note : « les clients ne sont pas préoccupés par la question du cloud souverain en dehors des obligations réglementaires. Cela dit, Workday propose aux clients de chiffrer leurs données avec leurs propres clés. » La question des hébergeurs souverains et des hébergeurs SecNumCloud est cependant suivie avec attention par Workday. La refonte technique ayant abouti à la disponibilité de la plate-forme sous forme de conteneurs facilitera, le cas échéant, l’installation sur de nouveaux hébergeurs de cloud.

Un développement en France conforme au reste du monde

« En France, nous suivons le même développement qu’ailleurs dans le monde » précise Hubert Cotté, DG France de Workday. Il ajoute : « la stratégie de Workday est d’étendre sa présence géographique mais avec des priorités sur certains pays, dont la France, le Royaume-Uni, l’Australie et l’Allemagne. Nous avons ainsi accru notre effectif de 30 % l’an dernier en France. » Dans notre pays, la base de clients s’accroît beaucoup sur le segment des ETI. Mais, au sein de chaque client, la pénétration de Workday s’accroît également. Ainsi, un client des modules RH est un prospect intéressant pour les modules finances. La capacité de Workday à intégrer des données externes, y compris extra-financière, est notamment appréciée pour réaliser des rapports de performance globale.

La cible de Workday demeure cependant en priorité celle des grands comptes. « Nous avons 30 % du CAC 40 parmi nos clients, essentiellement pour des modules RH pour l’instant » observe Hubert Cotté. Il reste que l’ERP en SaaS ne couvre pas l’ensemble des domaines fonctionnels d’un outil comme SAP : la supply-chain ou la gestion de la production demeurent en dehors de ses fonctionnalités. Dans les industries, Workday vient donc plutôt couvrir les fonctions supports tandis que des produits traditionnels demeurent sur les fonctionnalités proches du métier.

La gestion des talents au coeur de Workday

Malgré tout, les modules en gestion des ressources humaines sont les modules les plus souvent déployés. Ces modules comprennent de la gestion administrative mais aussi du pilotage de carrière et de la GPEC. Le choix d’un SaaS est clairement un moyen, pour les nouveaux clients de Workday, d’effacer la dette technique des DRH tout en offrant à celles-ci des fonctionnalités nouvelles, notamment en matière d’optimisation des ressources. Pierre Gousset relève ainsi : « depuis plus de cinq ans, nous avons intégré une IA générative (type ChatGPT) et 100 % de nos clients peuvent utiliser les IA associées à chacun de nos modules. Le buzz actuel est uniquement lié à l’accroissement des capacités de calcul. Nous disposons aujourd’hui de 38 cas d’usage du machine learning autour de préoccupations classiques (le traitement d’une facture avec reconnaissance des différentes informations) comme d’une industrialisation de procédures lourdes (l’inventaire à grande échelle des compétences disponibles dans une organisation). »

Pour des cas d’usages simples, Workday n’hésite pas à utiliser en « commodities » des IA externes comme celles de Google. Mais Workday tient à un « modèle hybride ». « Nous ajoutons une éthique afin de nous assurer que nos IA ne sont pas biaisées, notamment pour les recommandations de carrière » pointe Pierre Gousset. Ce « talent management » qui évolue en « workforce management » permet de couvrir les pénuries de compétences : certes, il reste possible d’acquérir des compétences à l’extérieur, mais il faut également développer les compétences internes (combler le différentiel entre les compétences actuelles et les compétences nécessaires) et savoir procéder à du recrutement interne. Hubert Cotté observe pour sa part : « nos clients attendent de plus en plus que nous contribuions à la réflexion sur la stratégie de gestion des talents au-delà de juste gérer l’administratif ».