Acteurs it

Véronique Torner (Numeum) : « le Numérique Responsable est devenu un pilier de l’action de Numeum »

Par Bertrand Lemaire | Le | Esn & conseil

Elue en juin dernier première femme présidente de Numeum, Véronique Torner revient ici sur les priorités de cette organisation.

Véronique Torner est la nouvelle présidente de Numeum.  - © Numeum
Véronique Torner est la nouvelle présidente de Numeum. - © Numeum

Vous êtes la première femme et aussi la première représentante du monde du logiciel libre (en tant que dirigeante d’Alterway, aujourd’hui filiale de Smile) à être élue à la tête de Numeum. Etait-ce une volonté de la part des membres de Numeum ?

Chaque année, l’Assemblée Générale renouvelle une partie du Conseil d’Administration. Ensuite, celui-ci élit le président en son sein. J’oeuvre au sein de Numeum et, auparavant, de Syntec Numérique depuis longtemps et j’en suis membre du Conseil d’Administration depuis 2013. Si j’ai été incité à me présenter à la présidence, c’est plutôt parce que j’incarne depuis longtemps des thématiques comme le numérique responsable. J’ai présidé la commission PME, œuvré pour la féminisation de l’IT et lancé le dispositif Planet’Tech Care.

Que je sois une femme n’a pas nuit, c’est certain, mais ce n’était pas le sujet. De la même façon, le logiciel libre n’est plus, aujourd’hui, un sujet clivant au sein de Numeum. Je n’aurais pas dit la même chose il y a quinze ans, c’est vrai.

En amont de l’Assemblée générale, j’ai rencontré les membres du Conseil d’administration, les présidents de commissions et les délégués régionaux. Ma candidature s’est donc faite autour d’un projet et d’une équipe. 

Numeum a fusionné avec le Cinov Numérique il y presque un an. Qu’est-ce que cela a changé ?

En juillet 2021, Syntec Numérique a fusionné avec Tech In France pour former Numeum. Et, en décembre 2022, Cinov Numérique nous a rejoint. Comme auparavant Syntec Numérique, Numeum est membre de la fédération Syntec qui est, elle-même, membre du Medef. Avant la fusion, Cinov Numérique était membre de la fédération Cinov, elle-même rattachée à la CGPME.

Par cette fusion, Numeum a beaucoup grandi : nous regroupons aujourd’hui 2500 entreprises (une minorité, plutôt indépendants et TPE, provenant du Cinov Numérique). Nos adhérents représentent 85 % du chiffre d’affaires du secteur. Et, en France, le secteur est estimé à hauteur d’un chiffre d’affaires global de 65 milliards d’euros et de 660 000 salariés. Il était important que le secteur se rassemble, ce qui est aussi une attente du gouvernement. Numeum représente les ESN, le conseil en technologies, les éditeurs de logiciels et les plates-formes mais pas les constructeurs.

Numeum a deux dimensions : d’une part nous sommes un syndicat patronal participant au dialogue social, d’autre part nous sommes une organisation professionnelle.

Nous souhaitons nous impliquer davantage au sein du Medef. L’une de nos administratrices, Virginie Fauvel, vient d’ailleurs de prendre la co-présidence de la commission Innovation et Numérique du Medef.

Nous jouons un rôle de premier plan dans les discussions avec le gouvernement et au niveau européen grâce à notre participation active à Digital Europe, qui nous rassemble avec nos homologues d’autres pays. Notre bureau à Bruxelles, doté d’un collaborateur permanent dédié, nous positionne également en tête des débats européens.

Vous avez présenté un programme avec trois priorités. La première concerne « les territoires ». Qu’est-ce que cela signifie ?

La moitié de nos adhérents est située en dehors de l’Île-de-France, même si le poids de celle-ci est évidemment important. Il s’agit simplement de bien servir tous nos adhérents et de mieux mailler nos actions.

Nous disposons, hors d’Île-de-France, de douze délégations régionales, dont une à La Réunion. Celles-ci servent bien sûr nos adhérents mais veillent aussi à travailler avec les associations locales de notre écosystème pour fédérer les efforts et porter à l’échelle les initiatives intéressantes. Par exemple, Numeric’Emploi est, au départ, une initiative venue de la région Grand Est. Il s’agit d’accompagner des personnes éloignées de l’emploi pour les amener dans nos entreprises. Cette initiative peut se targuer d’un taux de succès exceptionnel : 80 % de retour à l’emploi.

La deuxième priorité concerne justement les compétences, les ressources humaines. Au delà de Numeric’Emploi, qu’envisagez-vous ?

La question des compétences dans le numérique est notre plafond de verre. Nous soutenons le plan gouvernemental France 2030 pour renforcer la formation dans ce domaine. En partenariat avec notre écosystème, nous agissons tout au long de la vie des individus, notamment en participant à la Semaine du numérique et des sciences informatiques en décembre 2023. Nous continuons à recruter des jeunes en apprentissage, avec plus de 28 000 recrutements en 2022, dont 75 % ont signé un contrat avec une entreprise du secteur.

Nous œuvrons également pour le développement des compétences des salariés en poste afin de répondre aux besoins des entreprises. En outre, nous étendons Numeric’Emploi à toutes les régions pour accompagner les reconversions professionnelles vers les métiers du numérique dans tous les territoires.

Nous mettons également l’accent sur la féminisation du secteur en encourageant la reconversion des femmes issues d’autres domaines et utilisatrices du numérique. 

Enfin, la troisième de vos priorités est le « numérique responsable ». Qu’entendez-vous par ce terme et que comptez-vous faire ?

Le Numérique Responsable est devenu un pilier de l’action de Numeum.

Pour nous, il se décline en trois thématiques.

D’abord, l’inclusion. Sous ce mot, nous plaçons des sujets comme la diversité ou les territoires.

Le deuxième est la confiance. Pour la garantir, il faut tout d’abord développer un numérique éthique. Nous avons ainsi travaillé sur la question de l’éthique de l’IA en construisant un référentiel. D’autres sujets contribuent aussi à la confiance : la cybersécurité, bien sûr, et aussi l’autonomie stratégique (ce que certains appellent le numérique souverain).

Enfin, évidemment, il y a la question environnementale. Nous œuvrons déjà aux travaux du gouvernement et avons lancé le dispositif Planet’Tech Care qui compte aujourd’hui plus de 1000 signataires.

CLUB DISRUPTOR #6 - Sobriété numérique : comment réduire la consommation de ressources ?

Gilles Mezari, Président de la commission Numérique & Environnement et Administrateur de Numeum, DG cofondateur de Saaswedo. - © D.R.
Gilles Mezari, Président de la commission Numérique & Environnement et Administrateur de Numeum, DG cofondateur de Saaswedo. - © D.R.

La thématique du Numérique Responsable sera au coeur du Club Disruptor du Mercredi 29 novembre 2023 à Paris. Quelles sont les meilleures pratiques ? Quelles sont les limites de cette approche de « responsabilité » ? Ces questions seront abordées à l’occasion de ce dîner-débat confidentiel où sont conviés les dirigeants IT des plus grands comptes.

Gilles Mezari, Président de la commission Numérique & Environnement et Administrateur de Numeum, DG cofondateur de Saaswedo, sera le grand témoin de ce club.

Le lieu exact est communiqué aux seuls inscrits validés.

Plus d’information ici

En tant qu’organisation professionnelle de fournisseurs IT, vous êtes concernée par la mauvaise humeur des DSI se plaignant d’une inflation injustifiable des tarifs des éditeurs et prestataires Cloud. Qu’avez-vous à leur répondre ?

Nous avons un vrai partenariat avec le Cigref qui représente de fait les principaux clients de nos membres. Ni le Cigref ni personne d’autre ne nous a saisi à ce sujet. Nous n’avons donc de ce fait aucun travail en cours sur cette question. Je pense que ce sujet doit rester une question entre chaque client et chacun de ses fournisseurs.

Quels sont aujourd’hui vos défis ?

Au delà de la question du numérique responsable, nous avons à accompagner nos adhérents sur les importantes évolutions réglementaires et législatives qui impactent lourdement notre secteur. Nous avons aussi à travailler en amont pour que les textes adoptés soient réellement applicables. D’une manière générale, les ambitions de ces textes sont bonnes mais il y a parfois des incohérences entre eux et cela implique de nombreux chantiers en parallèle.

Un autre défi est l’IA et notamment l’IAG. L’IAG va se développer dans la génération de code logiciel. Il nous faut donc comprendre cette évolution et accompagner nos membres pour les aider à profiter de cette évolution sans la subir. Cela implique notamment de doter l’écosystème des outils et méthodes nécessaires.