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Observatoire Numeum : les éditeurs rient, le service pleure


Numeum vient de publier les résultats de son Observatoire de Conjoncture sur le secteur du numérique en France.

Véronique Torner est présidente de Numeum.  - © Républik IT / B.L.
Véronique Torner est présidente de Numeum. - © Républik IT / B.L.

Comme tous les ans, Numeum a publié une édition 2025 de son Observatoire de Conjoncture sur le secteur du numérique en France réalisé avec le cabinet PAC. Au-delà d’un constat sur le passé, celui-ci tente de tirer quelques enseignements pour 2026 d’autant que la fin de l’année montre quelques signes d’inversion de certaines tendances. Face à une situation budgétaire compliquée pour les DSI, il faut peut-être se réjouir d’une légère croissance du marché en 2025, 2 %, face à une inflation générale qui devrait être de l’ordre de 1 % sur la même période. Mais cette légère croissance, presque une stabilité en fait, correspond à de très grandes disparités.

Ainsi le secteur du logiciel (et notamment du SaaS) peut se réjouir d’une croissance de 8,2 % pour atteindre les 29,1 milliards d’euros. A l’inverse, le marché des ESN recule de 1,8 % à 34,3 milliards et celui du conseil en technologies de 2,5 % à 7,7 milliards. Cela indique clairement que les augmentations tarifaires pratiquées par les éditeurs, notamment à l’occasion de la bascule vers le SaaS, obligent les DSI à des arbitrages au détriment du service. Les ESN et cabinets les plus impactés par la baisse sont les petits et les grands, les entreprises moyennes étant moins impactées. Numeum précise cependant que, en fin d’année, les activités des ESN et autres entreprises de conseil repartent à la hausse. En 2026, la prévision faite est est celle d’une croissance de 1,4 % pour les ESN (35 milliards d’euros), 1 % pour le conseil en technologies et un magnifique +8,4 % pour les logiciels (31,6 milliards d’euros).

SaaS et IA : le jackpot des éditeurs

Les éditeurs ont de nombreux motifs pour se réjouir, en dehors de la croissance de leur activité. Ainsi, la part du SaaS, synonyme de clients captifs et de revenus récurrents, continue de s’accroître : 77 % des nouveaux projets se font désormais en SaaS contre 53 % en 2021. De plus, les nouvelles obligations réglementaires (NIS2, AI Act, DORA, RGAA…) génèrent des nécessités d’évolutions logicielles voire des acquisitions nouvelles (notamment en cybersécurité). L’IA, qui s’est imposée dans à peu près tous les outils en tant que nouvelle fonctionnalité, pousse également à des acquisitions de nouveaux produits.

L’adoption de l’IA générative a été pointée par les éditeurs comme source de gains de productivité de l’ordre de 12,5 %, Numeum l’anticipant à 17 % en 2026. L’IA profite à l’ensemble du secteur : 40 % des acteurs constatent un impact positif sur son activité (chiffres d’affaires, marges, nouvelles offres, accélération des projets…). Si 42 % des entreprises du numérique accompagnent leurs clients sur des projets de souveraineté, le volume d’affaires induit reste pour l’heure marginal.

Numeum veut rester positif

Si les chiffres publiés devraient inciter les acteurs français à un fort pessimisme, le conseil étant plutôt local tandis les éditeurs étant souvent étrangers, Numeum veut rester positif. Pour Véronique Torner, présidente de Numeum, « le marché européen reste trop fragmenté avec trop de réglementation (même si la réglementation est nécessaire) et surtout pas assez d’investissement. » Evidemment, pour elle, « l’IA apporte une transformation profonde et l’agentique sera un accélérateur ». Les acteurs du marché, tant côtés DSI que fournisseurs, ont, selon Véronique Torner, pris conscience de leurs dépendances technologiques vis-à-vis d’acteurs dominants étrangers. Le déséquilibre des relations devient une menace.

A l’inverse, Numeum voudrait un meilleur jeu collectif des acteurs français. Conformément au programme de mandat, la présidente de Numeum a pu se réjouir d’une amélioration de la collaboration et de la transversalité au sein des 2500 adhérents. Cependant, le secteur possède une centaine d’associations professionnelles qui, certes, ont chacune leur valeur mais il est, à cause de ce foisonnement, difficile de parler d’une seule voix, plus encore au niveau européen, ce qui serait pourtant nécessaire pour développer une politique industrielle en faveur des entreprises de ce côté-ci de l’Atlantique. Le choix de la DINUM de favoriser sa propre Suite Numérique au lieu un produit d’un éditeur français continue d’ailleurs de rester au travers de la gorge de Numeum.