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Jérôme Renoux (Akamai) : « notre offre évite l’inflation des coûts de transit dans le cloud »

Par Bertrand Lemaire | Le | Cloud

Jérôme Renoux, regional vice-president France d’Akamai, revient sur la stratégie d’Akamai au-delà du CDN (Content Delivery Network). Il présente ici également les enjeux du lancement d’Akamai Connected Cloud.

Jérôme Renoux est regional vice-president France d’Akamai - © Républik IT / B.L.
Jérôme Renoux est regional vice-president France d’Akamai - © Républik IT / B.L.

Akamai est évidemment connu pour son CDN (réseau de diffusion de contenus) mais quelle est, aujourd’hui, l’étendue de son offre ?

Effectivement, Akamai est né il y a 24 ans autour du CDN. Mais quelques années plus tard sont déjà sorties nos premières offres orientées cybersécurité. En effet, le CDN vise à diffuser des contenus en garantissant la performance du trafic réseau. Logiquement, nous sécurisons nativement les contenus que nous diffusons. Même avant nos premières offres purement de cybersécurité, nous offrions des services de sécurisation des contenus eux-mêmes (DRM, geoblocking, chiffrement…). Avec 350 000 serveurs dans 4200 points de présence dans le monde, nous ne pouvons pas dire que nous sommes plus gros qu’AWS, GCP ou Microsoft Azure mais nous sommes beaucoup plus distribués. Notre point fort, cela a toujours été le « dernier kilomètre » pour garantir la performance chez l’internaute lambda partout dans le monde. Notre plateforme est distribuée auprès des FAI et des gros acteurs des datacenters comme Equinix.

Dans les années 2010, Akamai a racheté Prolexic et s’est ainsi lancé dans la cybersécurité au sens strict avec des offres anti-DDOS, du datacenter au cloud. Au travers de nos « scrubbing centers » (centres de nettoyage) répartis partout dans le monde, nous « nettoyons » le trafic avant de l’acheminer chez nos clients sans impacter la latence ou le trafic. Notre offre ne se contente pas de filtrer le trafic entrant et sortant mais aussi le trafic entre applications afin d’éviter la propagation d’une cyber-attaque qui aurait abouti à une pénétration du SI à un endroit donné. La segmentation que nous proposons est issue du rachat (pour 600 millions de dollars) de Guardicore. Elle nous offre une réelle avance par rapport aux autres offres du marché.

Avec le rachat de Linode pour 900 millions de dollars (montant auquel il faut rajouter 300 millions de dollars d’investissements), nous disposons désormais de nos propres datacenters de cloud public. Nous disposons ainsi de 24 core-sites et de 50 sites distribués (pour le backup). En France, il y a un core-site à Paris et un site distribué à Marseille.

Les noms Prolexic et Linode demeurent pour désigner les gammes de services issues des rachats.

Même si beaucoup d’acteurs sont clairement matures, le marché du cloud est encore un marché en pleine évolution. La spécificité d’Akamai est d’offrir une combinatoire unique de CDN, de cybersécurité et de cloud. Nous ne cherchons pas à concurrencer frontalement AWS, GCP ou Azure mais, forcément, nous les rencontrons. Parmi nos spécificités, notons également que nous sommes certifiés ISO 27001, HIPAA (équivalent de l’hébergeur de données de santé aux Etats-Unis), SOC2 et, en 2023, prochainement, PCI.

Akamai lance aujourd’hui Akamai Connected Cloud. Quels sont les enjeux de cette nouvelle offre ?

Il s’agit d’une offre de cloud public pure et complète, avec capacité de calcul, d’hébergement de serveurs virtuels, de stockage, etc. et toujours combinée au CDN et à la cybersécurité. Nous sommes partis du postulat que les offres cloud étaient construites pour des applications monolithiques mais que, aujourd’hui, le besoin est d’absorber les variations (et les pics) de trafic partout dans le monde, y compris dans des zones peu desservies ou avec un trafic très réparti.

Le modèle classique, c’est d’héberger le compute chez un hyperscaler (AWS, GCP ou Microsoft Azure), d’ajouter le CDN chez un prestataire comme Akamai et la cybersécurité avec encore un autre acteur. Au delà des difficultés à acheter une telle combinaison d’offres, ce modèle implique un important trafic de données qui, évidement, est facturé. Le trafic sortant (egress) peut vite être très coûteux et, en plus, on ne peut plus maîtriser totalement la qualité de ce trafic.

Avec Akamai Connected Cloud, nous évitons l’inflation des coûts de transit dans le cloud et nous offrons aussi la maîtrise de la qualité, de la performance.

Beaucoup d’entreprises qui se sont lancées dans le cloud se rendent compte que leurs coûts explosent, que leur maîtrise de leur SI décroît mais qu’elles ne peuvent plus revenir en arrière. Nous leur permettons de retrouver de la maîtrise et de la performance.

Nous avons, pour cette offre, lancé 13 nouveaux core-sites et 50 sites distribués dans des endroits peu accessibles, actuellement mal desservis par les clouds traditionnels.

Mais les acteurs comme AWS, GCP ou Azure ont une offre riche, notamment de PaaS. Est-ce aussi votre cas ?

Pas dans un premier temps. Mais des partenaires pourront très bien proposer des offres hébergées sur Akamai Connected Cloud et, à base de conteneurs notamment, couvrant certains besoins (PostgreSQL, MongoDB, etc.). Le propre de Linode est d’offrir de la simplicité aux développeurs, ce qui est une approche différente des hyperscalers qui proposent des milliers de fonctionnalités dont, finalement, très peu sont utilisées. Nous couvrons 80 % des usages d’AWS mais pas le reste.

Aujourd’hui, quel est le rôle de la filiale française ?

Si l’ingénierie est uniquement aux Etats-Unis, près du MIT dont les fondateurs d’Akamai sont issus, la filiale française présente toutes les fonctions dans la relation avec nos clients avec une équipe commerciale, bien sûr, mais aussi un support en Français assuré en France aux heures ouvrables (sinon en Anglais en follow the sun avec nos différentes filiales à travers le monde) et enfin l’accompagnement et le suivi des projets. Les points de présence situés en France dépendent de la filiale française. Celle-ci est rattachée au siège de la zone EMEA, à Londres.

Quels sont les défis que vous identifiez pour les prochains mois ?

Le premier, bien entendu, est de consolider notre proposition de valeur et notamment notre offre cloud tout en restant innovant. Si nous sommes depuis toujours innovants, nous sommes nouveaux dans le cloud public et nous devons asseoir notre légitimité. Nous avons de grandes ambitions en la matière.

Nous voulons donc compter sur le marché du cloud public tout en misant sur la performance qui est notre signature depuis notre origine.

[Podcast] Jérôme Renoux (Akamai) : « le cloud computing très distribué vient enrichir notre CDN sécurisé »

La filiale française d’Akamai représente toutes les fonctions (commerce, support…) au bénéfice des clients français. Jérôme Renoux, regional vice-president France d’Akamai, nous explique les enjeux du lancement d’Akamai Connected Cloud.