Charly Peron (Altares D&B) : « nous avons choisi une IA privée souveraine pour éviter la Shadow AI »
Altares-D&B a choisi l’IA Clovis, proposée par Claranet, pour la plupart de ses usages liés à l’IA. Charly Peron, Head of IT Infrastructure chez Altares D&B, explique ici le projet qui se caractérise par une maîtrise tant des données que des coûts
Pouvez-vous nous présenter Altares-D&B ?
Nous sommes des spécialistes de la donnée - financière, de conformité et RSE - sur les entreprises. Nous fournissons ces informations à nos clients pour qu’ils puissent prendre des décisions éclairées. La diffusion de nos datas s’opère via des webservices/API ou via des solutions SaaS. Le Groupe Altares compte, en France, au Benelux et au Maghreb, 450 salariés pour 142 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nos sources de données sont nombreuses : INSEE, RCS, expériences de paiements, bilans, journaux officiels… Grâce à notre partenariat avec Dun & Bradstreet, nous proposons des informations sur plus de 600 millions d’entités dans le monde.
Comment est organisée votre IT ?
Notre CTO gère l’informatique de tout le groupe Altares. Sous son autorité, chaque département a son propre manager : le développement, les business solutions (ERP, CRM…), la cybersécurité et l’IT/Infrastructures. Pour ma part, j’ai la responsabilité de ce dernier département.
Quels sont les grands principes de votre architecture ?
Nous avons une architecture hybride. D’un côté, nous avons un cloud privé dans une paire de datacenters administrés par Neurones IT. Et nous avons, de l’autre, une instance chez AWS managée par Claranet.
Quels étaient initialement les besoins métier et la réponse apportée en matière d’IA/IAG ?
L’IA est omniprésente, on en trouve un peu partout. Nous avions donc un risque élevé de Shadow AI. Aussi nous avons décidé de mettre en place un comité IA réunissant des représentants métier, IT et marketing pour bien cadrer les usages. Le premier cas d’usage concernait l’utilisation, par les collaborateurs, des GPT publics.
Nous avions besoin de reprendre complètement la main sur ces environnements. L’idée c’était d’avoir une IAG dédiée, souveraine, sécurisée, avec la garantie que nos données (notre principal actif stratégique) ne seraient pas utilisées par ailleurs, notamment pour entraîner ou alimenter des IA externes. Comme il n’était pas simple de bloquer purement et simplement les accès aux GPT publics, nous avons choisi de mettre en place une IA privée souveraine, justement pour éviter la Shadow AI.
Et puis, nous avions d’autres cas d’usages. Déjà, le coding assistance : il s’agit d’aider les développeurs dans la création des applicatifs qui sont au coeur de notre métier. Là aussi, il nous fallait un cadre parfaitement maîtrisé. Enfin, nous voulions pouvoir intégrer de l’IA dans nos propres produits commerciaux. Pour l’instant, nous utilisons Google Gemini mais nous prévoyons son remplacement par notre outil souverain.
Du coup, quel outil avez-vous décidé d’utiliser ?
Pour les usages purement bureautiques, nous continuons à utiliser Microsoft Copilot, puisqu’il est intégré à notre Microsoft Office 365. Pour tout le reste, nous avons choisi Clovis, la solution de Claranet. A la base c’est un chatbot privé qui comprend un module d’assistance pour les développeurs. Et il peut servir de fondation pour créer nos propres agents.
Clovis est un développement propre de Claranet basé sur des modules open-source et hébergé sur un cluster Kubernetes souverain. Il s’appuie sur différents LLM auto-hébergés et la solution permet de changer aisément de LLM. Il y en a un par défaut (OSS, développé par OpenAI) choisi par Claranet mais nous pouvons en demander d’autres en fonction de nos besoins. Par exemple, pour le chatbot, nous avons opté pour le LLM par défaut.
En revanche, pour l’assistance au développement, nous avons opté pour Qwen 3 (développé par Alibaba Cloud sous licence Apache 2.0) qui répondait mieux à nos attentes.
Pourquoi avez-vous choisi Clovis et pas un autre outil, notamment un GPT courant en instance privée ou un LLM auto-hébergé ?
Nous n’avions ni les compétences ni les ressources pour développer et héberger notre propre IA en interne.
Et en même temps, nous ne voulions pas utiliser un GPT grand public (comme ChatGPT…) car, même en version payante et en session privée, aucune garantie n’était donnée sur la non-réutilisation des données . Or, pour nous, c’était essentiel : nous voulions une solution souveraine.
Claranet est un partenaire historique de notre groupe et cette société était en mesure de nous garantir que nos données ne seraient pas réutilisées. En plus, avec leur solution, nous pouvions changer de LLM si nécessaire, intégrer l’IA à notre SSO d’entreprise et bénéficier d’un coût prévisible. La tarification de la solution Clovis de Claranet se fait à l’utilisateur et non pas au token. Clovis évite donc la dérive des coûts tout en répondant à l’ensemble de nos enjeux.
Quels ont été le planning et les modalités du projet ?
La création du comité IA s’est opérée avant l’été 2025. Durant l’été 2025, nous avons signé le contrat avec Claranet.
Le premier lot, le chatbot fonctionnel pour les premiers cas d’usages, a été livré en septembre 2025. Depuis début octobre, une trentaine d’utilisateurs testent Clovis. Et depuis début novembre, l’assistant au développement est disponible pour les développeurs. L’objectif, c’est qu’à partir de janvier 2026, cet outil nous permette d’accélérer un projet majeur.
Début 2026, nous allons lancer le deuxième lot. L’IA Clovis sera ouverte à tous les collaborateurs. Et nous allons développer de nouveaux usages : RAG, connexion au SI au travers d’un proxy… Le but est de permettre d’interroger, en langage naturel, nos bases de données internes avec un chatbot en IHM (un tel outil existe déjà chez Claranet). Avec cette approche, nous ciblons aussi bien les usages internes que les besoins de nos clients.
Avez-vous acculturé ou formé les utilisateurs ?
Pour l’assistance au développement, nous avons organisé une formation en présentiel pour les développeurs, avec des intervenants de Claranet.
Quels sont les défis qu’il vous reste à relever ?
L’IA n’est pas un gadget, c’est une véritable révolution, et elle doit être encadrée.
Nous devons donc en accélérer le déploiement, tout en préservant nos impératifs. C’est dans cette logique que nous sommes en train de rédiger notre Charte IA. Nous devons aussi accompagner nos collaborateurs, les former et surtout les rassurer. L’IA est là pour les assister, pour accroître leur productivité mais en aucun cas pour les remplacer.